A Propos de la Radiothérapie : Lettre ouverte au ministre de la Santé du Sénégal, Awa Marie Coll Seck

Cette lettre n’est pas pour polémiquer, ni pour faire de la politique politicienne. Il se trouve que grâce à mon travail, je me pose quelques questions que je voudrai partager avec l’ensemble des Sénégalais.

Tout d’abord, et je viens de le dire, mon travail m’a permis de participer à quelques grands projets de construction d’hôpitaux à travers toute la France. Des fois, j’ai même participé aux calculs pour les locaux qui accueillent les machines de radiothérapie.Eva Marie Coll Seck

Aujourd’hui, j’ai compris à travers les débats sur la radiothérapie, que la plupart pensnt que ce retard ou ce manque de machine est juste lié à la livraison. En réalité, le problème est peut-être beaucoup plus complexe. D’abord, à supposer que la machine est déjà commandée, le souci sera alors lié à la logistique.

Une machine de radiothérapie pèse son poids. A titre d’exemple, sur le dernier projet auquel j’ai eu la chance de travailler à Reims, la machine pesait 10 tonnes. Partant de là, et étant donné que pour ce projet-là, cette charge ne nous a pas été donnée à temps, nous avions dû recalculer le local de la radiothérapie, renforcer la dalle, les murs de soubassement et les fondations.

Sans compter, que dans le process, nous avons aussi dû prendre en compte le passage de la machine et recalculer la structure partout où la machine devait passer avant d’accéder au local final. Quelques murs ont même été abattus vue la taille.

Une autre solution était, bien sûr, de faire venir la machine en pièce détachées, mais dans ce cas, il fallait des techniciens pour remonter la machine et surtout la calibrer. Car une machine de radiothérapie mal calibrée est juste une condamnation à mort pour les malades.

Dans tous les cas, juste en termes de logistique, comme vous pouvez le constater, le problème n’est pas aussi simple.

D’autre part, il faut savoir aussi que nous parlons de médecine nucléaire. Et qui dit rayonnement nucléaire, dit BUNKER.

Le fait est que ce sont des machines dangereuses et des normes strictes doivent être respectées pour que les rayons ne sortent pas du local prévu à cet effet. Il ne s’agit pas d’exposer les passants à la radioactivité.

Donc, les locaux doivent être des bunkers. A titre d’exemple, sur un projet à Arras, un spécialiste de la structure nucléaire nous avait fait faire des murs en béton avec une épaisseur de 60 cm avec un ferraillage digne d’un poteau de viaduc. Je veux dire, que ce ne sont absolument pas des murs parpaings de 20cm qui conviendront pour certaines machines de radiothérapie.

Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de cette histoire, il parait même que certaines machines sont déjà au Sénégal, et bien sûr, puisque ce n’est pas la première fois que nous en avons, on a dans certains hôpitaux des bunkers. Mais étant donné que les normes et machines changent avec le temps et les avancées technologiques, les questions que l’on doit se poser sont :

  • Quels types de machines sont commandés ?
  • S’agit-il de thérapie nucléaire ?
  • Est-ce qu’aujourd’hui au Sénégal, nous avons des hôpitaux pouvant accueillir ces machines ?
  • Toutes les normes garantissant la protection des malades, des soignants et des populations sont-elles respectées ?
  • Ne faudrait-il pas un audit technique des hôpitaux pour garantir que les normes sont respectées selon la thérapie proposée ?

Si on a des réponses satisfaisantes à toutes ces questions, alors pourquoi, c’est si lent à mettre en place.

Si ces questions sont sans réponses, que devrions-nous faire pour que nos hôpitaux soient conformes aux normes pour les machines de dernière génération ?

Comme je l’ai dit tout à l’heure, il ne s’agit pas de créer une polémique de plus ni de politique politicienne. Chaque fille ou fils du Sénégal qui pense avoir dans un domaine donné, quelques compétences, peut essayer de se poser les bonnes questions pour qu’ensemble, nous apportions la bonne réponse.

Pour ma part, voilà les questions que je me pose. Si vous, Madame le Ministre de la santé, pouvez y répondre, nous pourrons alors apporter des suggestions et par la même occasion, nous Sénégalais, pourront comprendre réellement ce qui se passe et éviter des polémiques inutiles.


Mandiaye Diallo

Ingénieur BTP

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.