Journalisme au Sénégal : La dépénalisation des délits de presse en question

La question de la dépénalisation des délits de presse suscite un débat complexe, où les responsabilités et les devoirs des journalistes se confrontent aux nécessités de protection des droits individuels et de l’ordre public. Au Sénégal, cette problématique est encadrée par le Code de la presse et le Code pénal, qui précisent les limites et les obligations du métier de journaliste.

Les délits de presse

Les délits par voie de presse englobent des infractions telles que la diffamation, la diffusion de fausses nouvelles, et les injures. Ces délits peuvent être commis à travers divers moyens de diffusion publique, tels que la radio, la télévision, la presse écrite, en ligne, le cinéma, l’affichage, les flyers, les tracts, les expositions, les discours et les chants. Toute déclaration mensongère ou portant atteinte à l’honneur ou à la dignité d’une personne peut entraîner des poursuites judiciaires pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles, que l’auteur soit journaliste ou non.

La dépénalisation : un débat ouvert

La dépénalisation des délits de presse est une proposition qui vise à ne plus considérer certaines infractions comme des crimes ou des délits passibles de sanctions pénales. Cependant, la loi demeure impersonnelle et s’applique de manière égale à tous les citoyens, y compris les journalistes, qui sont souvent plus exposés aux risques de poursuites en raison de la nature de leur travail. Ils doivent donc faire preuve d’une grande responsabilité, compte tenu de la sensibilité des informations qu’ils diffusent.

Les droits et devoirs du journaliste

Le Code pénal sénégalais et le Code de la presse imposent au journaliste un certain nombre de devoirs pour garantir la véracité et l’intégrité de l’information. Selon l’article 13 du Code de la presse, le journaliste doit éviter de diffuser des informations dont il ignore l’origine ou qui ne sont pas corroborées par des sources fiables. La collecte, le traitement et la diffusion de l’information doivent respecter un processus rigoureux de vérification, où aucune source ne peut exonérer le journaliste de sa responsabilité de confirmer la véracité des faits avant leur publication.

La protection des sources et les limites à respecter

Bien que le journaliste bénéficie du privilège de protéger ses sources, ce droit s’accompagne d’une série de responsabilités, telles que l’obligation de ne pas déformer les faits, d’éviter la diffamation, de protéger la vie privée des individus, de ne pas publier d’informations relevant du secret-défense, et d’obtenir les autorisations nécessaires pour accéder à certains lieux, notamment les domaines militaires, etc.

Le rôle du Cored et du parquet général

Le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) veille au respect des règles éthiques et déontologiques. Bien qu’il ne dispose pas de pouvoirs coercitifs, ce tribunal des pairs peut infliger des sanctions disciplinaires allant jusqu’au retrait de la carte de presse. Toutefois, les infractions pénales relèvent de la compétence du Parquet Général, et le journaliste ne peut revendiquer une quelconque irresponsabilité pénale.

 

La dépénalisation des délits de presse au Sénégal doit être envisagée avec prudence. Bien qu’elle puisse offrir une plus grande liberté d’expression aux journalistes, elle doit être équilibrée par une stricte adhésion aux normes éthiques et déontologiques pour protéger la dignité et les droits des individus, ainsi que pour maintenir l’ordre public. Les journalistes, en tant que professionnels de l’information, portent la lourde responsabilité de garantir l’exactitude et l’intégrité de leurs informations, tout en respectant les limites imposées par la loi.

 

Papa Faye - laviesenegalaise.com

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