4 AVRIL 2017: 57 ans d’indépendance, 4 présidents ……

Il n’est plus à rappeler que notre pays a été et reste un territoire très stratégique de par sa position géographique d’abord (capitale de l’AOF et point de rencontre entre l’occident et l’Afrique subsaharienne), mais aussi de par les valeurs de ces grandes institutions qui prennent leurs sources des grands empires et puissants royaumes dont le plus puissant fut l’empire du Djolof au XIVe siècle (qui regroupait le Cayor, le Baol, les royaumes sérères du Sine et du Saloum, le Waalo, le Fouta-Toro et le Bambouk.

Le pays doit également sa bonne gestion à ses grands hommes politiques et religieux qui ont su se côtoyés dans une parfaite entente pour le bien de la patrie-mère. Car en réalité la politique n’est que la structuration et le fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d’une communauté, d’une société, ou d’un groupe social. Elle porte donc sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d’autres ensembles. La politique est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d’individualités et/ou de multiplicités. C’est dans cette optique que les études politiques ou la science politique s’élargissent à tous les domaines d’une société (économie, droit, sociologie, …) Quant à la religion elle n’est qu’en somme l’art de révéler à l’être humain le sens intime qui doit gouverner ses actes, préparer l’emploi de ses énergies et lui communiquer le goût et la force de vivre pleinement avec ses semblables en parfaite communion.

Les 4 Présidents du Sénégal, Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall
Léopold Sédar Senghor,                 Abdou Diouf,                         Abdoulaye Wade,                                 Macky Sall

Le Sénégal de 1960 à 2017

I – Léopold Sédar : 1960-1980

Le père de la nation Léopold Sédar Senghor était un fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendants. Mais, le fédéralisme n’obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, l’éphémère fédération du Mali avec l’ancien Soudan français (l’actuel Mali). La fédération du Mali est constituée en janvier 1959 et regroupe le Sénégal, le Soudan français, le Dahomey (l’actuel Bénin) et la Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso). Très vite le Dahomey et la Haute-Volta quittent la fédération refusant sa ratification. Les deux fédéralistes se partagent les responsabilités. Senghor assure la présidence de l’Assemblée fédérale tandis que Modibo Keïta prend la présidence du gouvernement. Les dissensions internes provoquent l’éclatement de la fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance et le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance de la République soudanaise qui devient la République du Mali.

Léopold Sédar Senghor
                                     Léopold Sédar Senghor

Puisque l’indépendance de la fédération avait été proclamée le 4 avril 1960, Senghor décide de garder cette date comme celle de la proclamation de l’indépendance du pays.

Du président poète à Abdou Diouf passant par Me Abdoulaye Wade jusqu’à Macky, le Sénégal, avec seulement 4  président en 57 ans d’indépendance, le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’Afrique car il n’y a jamais eu de coup d’État, et ce « modèle sénégalais » est souvent mis en avant sur le continent même si Amnesty International dénonce souvent quelques arrestations à caractère politique. Le pays doit cette stabilité à l’organisation institutionnelle établie dans un premier temps par Léopold Sédar Senghor, leader charismatique et poète de renom qui été au cœur de plusieurs institutions et organisations internationales et surtout son grand apport à la création de la francophonie lui avaient permis de mettre en place un système éducatif très performant.

Grand poète, écrivain, homme politique sénégalais et premier président de la République du Sénégal, il approfondit le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire et créa le Mouvement de la Négritude. Il est l’auteur de l’hymne national sénégalais, le Lion rouge. Il a géré le Sénégal avec sa notion de démocratie acquise en France de par les postes ministériels occupés avant son retour au Sénégal. Il a également défendu un socialisme africain qui doit voir le jour après avoir réussi la décolonisation sans violence et de parvenir à une « décolonisation culturelle et économique » en contestant le système impérialiste qui pèse sur les pays producteurs. Il est le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies.

Le meilleur soldat n’attaque pas. Le combattant de valeur l’emporte sans violence. Les plus grands conquérants gagnent sans lutter. Les dirigeants les plus efficaces conduisent les hommes sans ordonner. C’est ce qu’on appelle la non agressivité intelligente. C’est ce qu’on appelle la maîtrise des hommes » disait Lao-Tseu, un grand sage chinois et père fondateur du Taoïsme. Puisque les grands penseurs sont tous les membres d’une même famille « Sagesse » LSS guidé par les inspirations cette sagesse universelle ne se laissa pas assouvir par le nectar du pouvoir.

Il démissionne de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf, Premier ministre, le remplace à la tête du pouvoir, en vertu de l’article 35 de la Constitution.

IIAbdou DIOUF, le digne successeur de LSS : 1981-2000

Le 1er janvier 1981, suite à la démission du président Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf devient le 2e président de la République du Sénégal.

Abdou Diouf, Ancien Président du Sénégal                                                                     Abdou Diouf

En effet, la Constitution sénégalaise prévoyait que le Premier ministre assure l’intérim jusqu’à la prochaine élection en cas de vacance du pouvoir.

À peine installé dans ses nouvelles fonctions, Abdou Diouf poursuit la démocratisation déjà engagée par son illustre prédécesseur, en élargissant le multipartisme, jusque-là limité à 4 formations politiques, mettant ainsi fin au numerus clausus. Dans la même lancée, il supprime les délits de presse avant de libéraliser progressivement le secteur des médias permettant la parution de nouveaux titres et la création de nouvelles stations radios.

En guise de symbole, il donnera à l’université de Dakar le nom du chercheur et spécialiste de l’Égypte antique, Cheikh Anta Diop. Auparavant, il avait permis à ce dernier de devenir professeur d’université, ce que le président Senghor n’avait pas voulu, du fait de l’engagement politique du savant.

Abdou Diouf entame la construction d’un État moderne, doté d’un tissu économique et industriel fort.

Plusieurs entreprises sont ainsi créés pour faire face à la demande de biens et services telles que la Société nationale des télécommunications (Sonatel) – en séparant bien sûr les activités de télécommunication et des postes au sein de l’Office des Postes et des Télécommunications, il ouvre également le pays au tourisme.

Grâce à la politique de décentralisation mise en œuvre par ses gouvernements successifs, les services publics se déploient sur toute l’étendue du territoire national. Des hôpitaux régionaux sont construits ou réhabilités dans les grandes villes, suppléés par des centres de santé ou des dispensaires dans les petites communes afin de soulager les populations.

La diplomatie héritée du Président Senghor sera consolidée avec un Sénégal aux avant-postes des grandes questions internationales.

Symbole fort, le président Abdou Diouf sera l’un des tous premiers chefs d’État à accorder une ambassade à la Palestine afin de reconnaître à ce territoire sa qualité d’État aux yeux de l’opinion internationale.

Il poursuivra l’œuvre du président-poète en accompagnant les acteurs culturels. Ceci permettra l’émergence de grandes vedettes sénégalaises comme la star de la world music Youssou N’Dour, les réalisateurs Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambety, le sculpteur Ousmane Sow, etc.

Tout en restant dans le sillage de son prédécesseur, Abdou Diouf aura réussi à moderniser l’économie de son pays tout en y instaurant une démocratie durable, et ce, dans un contexte difficile, fait de crises économiques, agricoles avec plus d’une décennie de sécheresse, et politique avec une opposition redoutable.

Élu successivement dès le premier tour en 1983, en 1988 puis en 1993, Abdou Diouf perdra les présidentielles de 2000, au second tour avec 41,51 % des suffrages. Il reconnaîtra sa défaite et appellera dès le lendemain son adversaire et opposant historique, Abdoulaye Wade pour le féliciter.

Il décide ensuite de se retirer de la vie politique nationale de son pays, s’imposant ainsi une obligation de réserve, comme le fut en son temps, le président Senghor.

III – Me Abdoulaye WADE : 2000-2012

Abdoulaye Wade,                                                                               Abdoulaye Wade

Durant ces deux mandats, il lance la construction de plusieurs milliers d’écoles, fait passer le nombre de collèges de 220 en 2000 à 749, et celui des lycées de 48 à 134 sur la même période, le budget de l’Éducation a quadruplé. Il lance de grands travaux pour moderniser le pays, tels que la corniche à Dakar et ses hôtels de luxe, le réaménagement du port de Dakar, la construction de l’aéroport international Blaise Diagne et de l’autoroute, le développement du réseau routier secondaire, l’électrification des campagnes …

La politique de santé se traduit par la création de dispensaires, le doublement du nombre d’hôpitaux, l’ouverture de 18 centres médicaux, l’amélioration des conditions d’accès à l’eau potable et la baisse de la mortalité infantile. Il développe une grande politique agricole, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) qui n’obtient pas les bénéfices escomptés, malgré les nombreuses terres cultivables disponibles.

À l’issue du premier tour, lors duquel il vote sous les huées d’opposants, il arrive en tête avec 34,81 % des suffrages exprimés, mis en ballotage par son ancien Premier ministre, Macky Sall, alors qu’il espère une large victoire dès le premier tour. Il est battu le 25 mars 2012 par Macky Sall, qui recueille 65,80 % des voix. Wade félicite le vainqueur au soir du second tour et quitte ses fonctions présidentielles le 2 avril 2012.

Il n’abandonne pas son parti, le PDS, et le soutient lors des élections législatives suivantes et reste encore très proche du quotidien du PDS depuis Versailles où il ne manque pas souvent d’envoyer des consignes.

IV – Macky SALL : 2 AVRIL 2012

An V du Président Macky Sall, Entre désespoir, désillusion et déni de justice                                                                                      Macky SALL

Ayant occupé plusieurs poste ministériels, avant d’être premier ministre (21 avril 2004 – 19 juin 2007) et président de l’AN (20 juin 2007 – 9 novembre 2008 ) Candidat de la coalition « Macky 2012 », avec pour slogan « La voie du véritable développement » (Yoonu Yookuté en wolof), il mène campagne à travers le pays sans couper avec le mouvement d’opposition du 23-Juin (M23), qui se contente de manifester à Dakar en faveur de l’invalidation de la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat. Il arrive en deuxième position du premier tour, avec 26,58 % des voix, contre 34,81 % au président sortant. Dans l’entre-deux-tours, il réunit tous les candidats battus dans la coalition Benno Bokk Yakkar (« Unis pour le même espoir », en wolof) et remporte le second tour, le 25 mars 2012, face à celui qui a été son mentor, celui-ci l’appelant le soir même pour le féliciter, avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel (avec 65,80 % des voix, contre 34,20 % pour le président sortant).

Quatrième président de la République du Sénégal, il prête serment le 2 avril 2012. Le lendemain, il nomme le banquier Abdoul Mbaye au poste de Premier ministre qui prend la tête de son gouvernement.

Cinq ans après son accession à la magistrature suprême, même s’il reste beaucoup à faire il faut quand-même reconnaître à l’homme sa vision politique car « Dans tout ce que quelqu’un fait, il doit avoir une vision. Sans vision, il n’a pas de mission » soutenait GANI FAWEHINMI

Aussi “La prospérité commence dans l’esprit, et elle est impossible quand l’attitude mentale lui est hostile. Il est fatal de travailler pour obtenir une chose et d’en attendre une autre, parce que toute chose doit d’abord être créée mentalement pour se façonner ensuite sur son modèle mental. Avec son PSE (Plan Sénégal Emergent) le pays a enregistré une croissance soutenue et qui cadre avec les prévisions,  un développement maitrisé avec les dorsales essentielles que sont l’énergie la santé, les voies de communication et l’agriculture qui ont pris un élan et un niveau développement jamais égalé depuis l’avènement à l’indépendance de notre pays

D’autre part, le Sénégal est devenu plus attractif et fiable où il est bon d’investir comme le prouve l’engouement de l’accompagnement au développement des partenaires économiques et financiers.

De toutes les façons  le Sénégal reste un bon élève de la  démocratie en Afrique, mais avec le nouveau vent des critiques et autres reproches basées uniquement sur des intérêts plutôt personnelle que public, qui souffle ces temps-ci ; assisterons-nous dans les jours à des élections libres et transparent et organisées de tel sorte que peuple savourera ce fair-play démocratique du président sortant qui appellera son successeur pour le féliciter au grand bonheur du peuple Sénégalais et du monde entier ?

Wait and see


TBB – laviesenegalaise.com

 

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