Mercredi 13 août 2025, la communauté musulmane Mouride se retrouve à Touba pour le Grand Magal, le plus grand rassemblement religieux du Sénégal. Un événement qui mêle ferveur spirituelle et enjeux économiques considérables.
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Le Grand Magal commémore l’exil, en 1895, de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme. Déporté par le pouvoir colonial français au Gabon pendant près de sept ans, il est devenu pour ses disciples un symbole de résistance pacifique et de foi inébranlable.
Le Magal est créé en 1921 et instauré officiellement en 1928 par son successeur, le deuxième calife.
Les fidèles viennent de tout le Sénégal, mais aussi de la diaspora : France, Italie, États-Unis… « Pour un Mouride, le Magal constitue un moment privilégié pour se ressourcer, visiter les lieux saints de la confrérie, notamment la mosquée, les tombeaux des saints, les cimetières, et également d’aller rencontrer son marabout et les condisciples », explique le Dr Cheikh Gueye, membre du pôle d’experts du comité d’organisation du Magal de Touba. « C’est un moment de partage, de festins, de prières et de chants religieux », ajoute-t-il.
Le Magal génère l’équivalent de 380 millions d’euros de retombées économiques
Derrière cet immense rassemblement spirituel, il y a aussi un impact économique impressionnant. Pendant ces quelques jours, Touba se transforme en un gigantesque marché à ciel ouvert. Selon une étude menée en 2016 par l’Université Alioune Diop de Bambey, le Magal génère environ 250 milliards de francs CFA de retombées économiques (soit environ 380 millions d’euros).
Un fidèle dépense en moyenne 105 000 francs CFA (160 euros) lors du Magal, répartis entre donations, achats personnels et contributions aux familles d’accueil. De leur côté, les ménages toubois mobilisés pour accueillir les pèlerins investissent en moyenne 1,4 million de francs CFA (2 134 euros) pour l’hébergement et la prise en charge.
Les commerçants de denrées alimentaires, de textiles ou de téléphones voient leurs ventes tripler.
Un boom qui commence bien en amont du Magal. Selon Cheikh Gueye, l’événement permet « pendant au moins trois mois de préparation d’importer plus de produits de consommation, le riz, l’huile, le sucre. Mais également dans le domaine de la construction, et des matériaux de construction, puisque toute la ville se prépare en construisant ou reconstruisant les maisons et les sites d’accueil ».
Le transport est un autre secteur très sollicité : cars, bus et taxis font le plein, parfois à des tarifs doublés. La diaspora mouride participe largement : ceux qui ne peuvent pas venir envoient de l’argent depuis les quatre coins du monde. Et cette année, une nouvelle étude, menée conjointement par l’Université de Bambey et celle de Touba, doit actualiser ces données, en intégrant l’impact sur l’énergie, la santé, l’agroalimentaire et l’environnement.
Avec Rfi.fr