VENTE DE MOUTONS TABASKI: Ce n’est pas encore le grand rush

A une dizaine de jours de la fête de Tabaski, les vendeurs de moutons ne se frottent pas encore les mains, faute d’acheteurs. En plus des difficultés liées à la sécurité et à l’entretien du bétail, il devient de plus en plus difficile de s’en sortir pour ces vendeurs.
Les deux voies de Liberté 6 sont bien garnies en moutons. Les vendeurs se sont installés un peu partout. Certains sous des bâches, d’autres sous un arbre pour se protéger de la forte chaleur. Présent à cette petite foire aux ruminants depuis sept ans, Sidy Traoré est un habitué des lieux. Il est assis à côté d’une vendeuse de sandwichs, attendant désespérément un potentiel client. “Ce n’est pas encore le grand rush. La plupart des gens viennent ici pour vérifier les tarifs et repartir”, renseigne le vendeur.
Une rareté qui s’explique peut-être par les prix proposés. Ils diffèrent selon les catégories de moutons et vont de 75 000 et 800 000 F CFA. Même si
beaucoup de clients ne les trouvent pas abordables, les éleveurs estiment les prix tout à fait justifiés. Car ils se sont “occupés de ces moutons pendant un an, et avec l’entretien et la nourriture, les prix ne peuvent pas être les mêmes”, fait savoir Alboury Guèye en manipulant sa théière. Les acheteurs viennent pour l’instant au compte-gouttes, mais d’autres, par contre, préfèrent acquérir les moutons et les laisser sur place, faute de local pour les garder chez eux.
“Certains m’ont confié leurs moutons déjà achetés. Je les garde pour eux, mais ils participent aussi à la prise en charge”, confie Sidy. Ces jeunes qui ont investi les lieux depuis longtemps y passent la nuit pour assurer la sécurité de leur bétail. Ils ne se reposent presque pas, et pour dormir un peu, ils alternent leur tour de garde. Jusqu’à présent, ils n’ont pas encore subi de cas de vol, car selon Sidy, il y avait des militaires qui stationnaient à côté jusqu’à 4 h du matin. Il ignore pourquoi ils étaient là, mais leur présence était dissuasive pour les malfrats.
L’occupation des lieux constitue un autre problème. Il faut avoir l’aval de la mairie pour pouvoir obtenir une place et y rester durant toute cette
période. Le vieux Makhtar Fall en sait quelque chose. Chapelet à la main, le barbu explique sa “galère” :“J’étais au Mali et j’avais demandé à mon fils de me trouver un local, mais il n’a pas pu. Une fois au Sénégal, étant donné que je n’avais où aller avec tout mon bétail, j’étais obligé d’accepter une place à 50 000 F CFA”, fustige-t-il, comme pour dire que les places ne sont pas données gratuitement à Liberté 6.
A LSS, les vendeurs maliens fustigent l’insécurité
Quelques kilomètres plus loin, au parking du stade Léopold Sédar Senghor (LSS), Cheikh Sour, trentenaire, s’active également autour de ses moutons. Bordé par des barrières en bois, l’enclos confectionné occasionnellement pour l”’opération Tabaski” renferme une dizaine de ruminants. Ce jeune homme habite tout près, à Grand-Médine, et se ravitaille en moutons à Keur Massar chaque année depuis quatre an pour les revendre aux abords de ce stade.
Des béliers de races diverses affichent des prix variant entre 150 000 et 300 000 F CFA. “Il n’y a pratiquement pas d’affluence, pour le moment. Pas de gros achats, on voit plus ceux qui viennent marchander pour comparer les prix d’ici et d’ailleurs”, avance-t-il.
 
En ce qui concerne les problèmes de sécurité, il dit ne pas être confronté au vol. “Cela est peut-être
dû au fait que je sois sénégalais”. A 500 m de là, Mamadou Cissé, un Malien, tient son commerce de moutons. Le problème auquel il fait face depuis des années est le vol de bétail. “Chaque année, les Maliens sont victimes de vol. Je ne suis là que depuis cinq jours et on a eu à emporter deux de mes moutons”. Il poursuit en expliquant qu’un de ses compatriotes a récemment été victime de cambriolage et 14 de ses bêtes ont été emportés par les malfaiteurs.
Toujours sur l’espace aménagé à côté du stade, Abdoul Aziz Sidibé est un autre éleveur malien avec d’autres préoccupations. Avec 750 000 F de transport, carburant non compris, il a fait le voyage avec une trentaine de bêtes. “Mon principal problème est la caution de location de 75 000 F
CFA que j’ai versée au collecteur, un jeune homme qui était l’occupant de ce local l’année dernière”. Ses moutons sont vendus entre 80 000 et 500 000 F CFA, et les acheteurs se font désirer pour le moment, dit-il.
 
Sur la route de l’aéroport, au rond-point de Yoff, Mamadou Lamine Diouf commercialise ses moutons. “Je suis novice dans cette activité. Je vends les ruminants que j’ai moi-même élevés. Avec toutes les dépenses effectuées relatives à l’alimentation des bêtes, je ne peux pas les vendre à moins de 500 000 F”. Son prix-plafond s’élève à 1 million de nos francs, dit-il, insistant lui aussi sur le fait que les clients se font rares.
 
De manière générale, ces derniers ne sont pas encore partis à l’assaut des moutons. Même si la Tabaski approche à grands pas, les Sénégalais semblent vouloir attendre les ultimes journées pour s’approvisionner.
EnQuete
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