Sa gestion contestée, Cheikh Thiam indésirable : les rayons ne brillent plus au « Soleil »

Le rayonnement du quotidien national Le Soleil est menacé, si l’on se fie aux propos des travailleurs du journal de Hann. Et c’est son directeur général qui est pointé du doigt. Cheikh Thiam est en effet accusé de gestion nébuleuse et de mépris envers son personnel. Il aurait pris un congé d’un mois pour partir avec la somme de 13 millions Cfa et revenir 10 jours plus tard afin de profiter de son salaire le même mois. Ce qui, entre autres faits, a poussé les travailleurs de la Société de publication et de presse (Spp) Le Soleil à réclamer son départ.

Brassards, tee-shirts, chemises ou tout simplement tenues traditionnelles, la couleur rouge était la chose la mieux partagée hier au quotidien national Le Soleil. Pour cause : Les travailleurs du quotidien de service public situé à Hann village «ne veulent plus de Cheikh Thiam comme le directeur du journal Le Soleil». Il est accusé de : «non-respect ou mépris du personnel et d’une gestion nébuleuse».

A ce titre, hier aux alentours de 12 heures, un concert de sifflets a été organisé pour sonner «son départ». «Cheikh Thiam a atteint ses limites, il est à bout de souffle.» Ce constat, ils sont nombreux à le faire. Du président du Conseil d’administration au conducteur, ils réclament tous «une alternative à Cheikh Thiam». Qui, d’après Maguette Ndong, secrétaire général de la section du Synpics du journal Le Soleil, «ne respecte pas son personnel. Cheikh Thiam a du mépris par rapport à son personnel.

On devait se rencontrer le 31 mai passé, mais à la dernière minute il nous a opposé une fin de non-recevabilité». Pis encore, l’actuel directeur qui boucle sa huitième année à la tête du Soleil est accusé de s’enrichir sur le dos du journal. «Le mois dernier, il est parti en congé en emportant avec lui 13 millions Cfa. 10 jours plus tard, il s’est lui-même rappelé pour venir travailler. Et à la fin de ce mois, il veut encore prendre son salaire (5 millions de francs). Il n’en avait pas le droit», a informé Maguette Ndong, pour s’indigner des «bas salaires des travailleurs» de leur boîte. A cela s’ajoutent «les investissements dont la rentabilité laisse à désirer». Maguette Ndong s’explique : «Il a investi 1 milliard 015 millions pour l’acquisition d’une imprimerie qui n’est pas rentable. Il revient avec un marché de 500 millions lancé pour l’acquisition du matériel complémentaire alors que l’imprimerie ne nous rapporte rien. Seul le journal Le Témoin est tiré ici.

Même Le Soleil Business, qui a fait une recette de 155 mille francs Cfa depuis son lancement, n’est pas imprimé ici. Il a aussi acheté l’Agence de distribution de la presse (Adp) dont on ignore les détails de la transaction. Une plateforme de 60 millions pour les journalistes en interne a été mise sur pied. Trop c’est trop, on ne sait pas d’où il déniche ses projets. Récemment, un vol de 7 millions 400 francs Cfa a été signalé. Mais quand on demande des informations, il nous dit que l’enquête est en cours à la Dic. Il n’a plus cette capacité morale pour nous diriger.» Pour tous ces points, les travailleurs se demandent si «Cheikh Thiam n’ambitionne pas d’éteindre Le Soleil». Le Quotidien a tenté de joindre le Dg de la Spp Le Soleil, Cheikh Thiam, mais en vain. Et cela, après l’avoir attendu à son bureau jusqu’à 14h 30.

Après la sortie de la section Synpics : Le Dg du Soleil répond aux syndicalistes

Le Directeur général de la Sspp Le Soleil réagit aux accusations des syndicalistes de la section Synpics de sa boîte. Cheikh Thiam, échangeant au téléphone avec Le Quotidien sur les griefs soulevés par ses employés, ne dénie pas à ses détracteurs le droit de réclamer son départ.

Toutefois, il déclare bénéficier de la confiance des autorités pour diriger la Sspp Le Soleil et veut «mériter cette confiance». Poursuivant, il soutient : «C’est un groupe de personnes qui tient en otage le personnel et le met devant le fait accompli. C’est juste des personnes que Cheikh Thiam dérange qui veulent s’engouffrer dans le contexte électoral pour réclamer mon départ.»

Evoquant la non-rentabilité supposée de l’imprimerie du Soleil, le directeur indique avoir financé à hauteur de 60% sur fonds propres de l’entreprise, l’acquisition de cet ouvrage, les 40% restants provenant de prêts bancaires. «Les banquiers ne sont pas des enfants de chœur. Si le projet que je leur ai présenté n’était pas rentable, ils ne l’auraient pas financé.» Le Dg du Soleil, pour justifier toujours l’acquisition de l’imprimerie, informe avoir eu à payer «entre 180 et 200 millions de francs Cfa pour tirer le tirage du Soleil» dans le passé. «Avec cette imprimerie, nous faisons des bénéfices de l’ordre de 180 à 200 millions que nous ne payons plus à des tiers.

Grâce à la bonne qualité de l’impression, nous recevons beaucoup de publicités. Les banques, les hôtels et les institutions financières font appel à nous grâce à cette bonne qualité de l’impression», fait remarquer Cheikh Thiam. Non sans ajouter avoir reçu d’importantes commandes pour le tirage d’ouvrages littéraires, avant même l’arrivée du matériel complémentaire de l’imprimerie, après le lancement d’un appel d’offres de 500 millions de francs Cfa.

Cheikh Thiam dit avoir opté pour l’acquisition de nouveaux outils dans l’optique de diversifier les domaines d’intervention de la Sspp Le Soleil, qui «ne s’est pas diversifiée depuis Bara Diouf (1er Dg sénégalais de la boîte)». Sur la controverse suscitée autour de ses congés, Cheikh Thiam souligne : «Au Soleil, quand tu vas en congé, on te paie le 14ème mois. 10 jours après mon départ en congé, j’ai été invité par le chef de l’Etat pour un voyage avec lui en Arabie saoudite. Ce n’était pas un voyage de prestige. Tout le monde a lu les articles que j’ai rédigés en ce sens, j’ai fait des reportages.

Nous nous sommes ensuite rendus au Sommet du G7 où j’ai couvert la rencontre entre les Présidents Macky Sall et Donald Trump puis en Inde pour les Rencontres annuelles de la Banque africaine de développement (Bad).» Et Cheikh Thiam de préciser au sujet de la reprise du travail qu’il ne pouvait pas continuer à jouir de ses congés «une fois de retour au Sénégal, car cela ne se fait pas». «Il est arrivé à plusieurs reprises que des journalistes du Soleil partent en congé et qu’ils soient rappelés pour prêter main forte à leurs collègues, parce qu’on avait un problème de ressources humaines. Et dans ces cas, l’entreprise leur paie le reste de leur congé», explique le Dg de la Sspp Le Soleil.

  • LeQuotidien
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