POLICIERS RADIÉS : Entre humiliations et décès

Par la loi 87 14 du 28 avril 1987,votée par l’Assemblée nationale, 1 243 policiers furent radiés de l’administration, du temps du Président Abdou Diouf. Trente ans après,ces derniers revendiquent toujours leur réhabilitation. Pendant ce temps,certains d’entre eux sont gagnés par la démence, d’autres sont décédés. Des familles se sont même disloquées. Depuis ce temps, il y a eu des avancées,mais elles sont maigres.

Trente ans déjà que 1 243 policiers ont été radiés. C’était en avril 1987. Depuis, ils courent toujours derrière leur réhabilitation. Ils étaient, au moment de la radiation, 24 commissaires, quatre officiers de paix supé- rieurs, six officiers de paix, 30 officiers de police, 84 inspecteurs de police, 1 056 gradés et gardiens de la paix et 39 malades mentaux qui ont accompagné la masse des policiers radiés.

Selon le brigadier-chef Ousmane Sylla, surnommé dans l’association des policiers radiés Monsieur chiffres, le chemin a été très long et pénible jusqu’en 1993, année de l’intégration des radiés dans la police municipale. Seulement, certains d’entre eux n’avaient pas eu la chance d’être reversés dans les communes.

En effet, 274 de ses camarades ont été omis avant d’être envoyés à la retraite. Alors que la loi 69 54 du 16 juillet 1969 relative au statut général de la Fonction publique communale stipule clairement que “les portions des forces de police radiées, conformément à la loi 87 14 du 28 avril 87, peuvent être admises selon les cas, dans les corps de fonctionnaires communaux sans qu’il soit tenu compte des conditions d’âge”. Mais, l’Etat a fait fi de cela pour proposer finalement à ces omis des indemnités comprises entre quatre et deux millions de francs Cfa.

Le préjudice est lourd Aujourd’hui, outre les 39 malades mentaux comptabilisés, au 25 juin 2016, 115 décès ont été dénombrés parmi les policiers radiés. Le dernier enregistré est feu Paul Diatta qui a laissé à ses ayants-droit, fils et filles, une pension proportionnelle de 47 160 francs Cfa. Donc, moins du taux du smig (le salaire minimum interprofessionnel garanti).

C’est fort décontenancée par cette situation de malaise que l’association s’est adressée au président de la République, par correspondance, en ces termes : “C’est sans état d’âme monsieur le président de la République, son excellence monsieur Macky Sall, que les policiers municipaux radiés se sont investis entièrement jusqu’à la retraite. Les policiers radiés municipaux retraités, dont la loyauté vis-à- vis des institutions de la République n’a jamais été prise à défaut, vont solliciter de votre autorité qu’il plaise de leur apporter une compensation” pour tous les 1 243, tous grades confondus.

 Selon eux, le préjudice financier s’élève à 7 874 602 francs Cfa. En outre, ils demandent au chef de l’Etat la révision de leur pension, tout en exigeant que ça passe par une autorisation du versement qui sera effectué par virement dans un compte spécial du Trésor. En plus de l’octroi d’un terrain à Keur Massar ou au pôle urbain de Diamniadio. De maigres avancées Les policiers radiés municipaux retraités ne se lassent pas dans leur combat pour la réhabilitation.

 En effet, ils ont commis un avocat pour défendre leurs intérêts. Me Assane Dioma Ndiaye a été engagé avec beaucoup d’optimisme. Ainsi, entre septembre et novembre 2014, des correspondances ont été adressées au président de la République, au président de l’Assemblée nationale, au médiateur de la République, au Comité sénégalais des droits de l’Homme, à l’Agent judiciaire de l’Etat.

Le président de la République a d’ailleurs répondu, le 29 décembre 2014, par le biais de Mouhamadou Makhtar Cissé, actuel directeur général de la Senelec, promettant que des instructions seront données à l’Agent judiciaire de l’Etat, afin qu’une solution appropriée soit apportée. Me Assane Dioma Ndiaye a envoyé une deuxième correspondance au président Macky Sall, le 02 février 2016, pour les instructions qu’il a bien voulu donner.

Lors de leur assemblée générale tenue il y a quelque temps, au plan Jaxaay à l’Unité 22, les anciens policiers ont lancé un appel au président Macky Sall. Car, de l’avis du commissaire divisionnaire Boubacar Sadio, secrétaire général de l’association, “aujourd’hui, jusqu’à présent, il y a un sentiment de frustration qui habite tous les policiers radiés”.

C’est pourquoi, fait-il savoir, “le président Macky Sall avait pris des engagements quand il avait reçu, le 25 mars 2015, une délégation de policiers retraités, en disant que soit instituée une commission ; et il avait demandé que les conclusions de cette commission lui fussent rendues dans les deux mois”. Mais hélas ! se désole le commissaire Sadio : “Nous en sommes dans les 23 mois. Ça fait presque deux ans. Nous aurions souhaité qu’il donne les instructions nécessaires pour que les choses s’accélèrent et qu’on trouve une solution définitive aux problèmes des policiers radiés qui ne trouveront le repos qu’après une véritable et définitive réhabilitation.”

  •      EnQuete
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