Opinion – Je Suis à la fois peul, wolof, sérére…

Trois irrédentismes sont à éviter pour ne pas brûler notre cher Sénégal. Il s’agit de l’irrédentisme régional. L’irrédentisme religieux. Enfin, l’irrédentisme ethnique. Notre pays a frôlé le chaos avec le premier. Mais nous avons su démontrer à la face du monde que notre devise : «Un peuple. Un but. Une foi» est plus qu’un simple slogan.

Même si quelques poches de résistance subsistent dans notre chère Casamance, force est de reconnaître que notre peuple n’a de cesse de prôner la paix et l’unité de notre pays. Sans complexe aucun. Sans gêne aucune, le président de la République, Macky Sall, lui-même, a appelé à la paix des braves, parce que, dans ce conflit qui remonte à 1982, il ne peut y avoir ni de vainqueurs, encore moins de vaincus. Ce ne sont que des Sénégalais qui s’entretuent.

Sur le plan de la confrérie, quelles que soient les divisions notées dans les fêtes religieuses, nos grandes familles ne ratent jamais une occasion pour appeler à la raison. Elles entretiennent des relations fraternelles,  cordiales et de confiance, comme l’a soutenu récemment le Khalife Général des Tidianes, Sérigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, suite à son entretien avec le Khalife Général des mourides, Sérigne Sidy Mokhtar Mbacké, au sujet du Croissant Lunaire. L’Eglise catholique ne manque jamais non plus une opportunité pour prêcher la bonne parole.

L’Archevêque entretient d’ailleurs d’excellentes relations avec les différentes confréries, notamment la Tijania. Pour autant, nous n’avons pas le droit de dormir sur nos lauriers en croyant que rien ne peut nous arriver, à nous Sénégalais, pour la bonne et simple raison que ce pays est béni. Nous avons quand même connu la plus grosse catastrophe nautique au monde avec le naufrage du bateau Le Joola et ses 1863 morts. Plus que le Titanic. Tout récemment, c’est le feu qui a emporté 31 pèlerins à Madina Gounass. Sans occulter, le drame de Bettenty avec son lot de 21 femmes mortes noyées. Nous n’oublions pas non plus, l’explosion d’une citerne d’ammoniac le 24 mars 1992, en plein mois de Ramadan, ayant fait sur le coup une quarantaine de morts dont 20 ouvriers de la Sonacos (Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal).

Le nombre de victimes du nuage toxique atteindra 129 morts et des milliers de blessés. Mais toutes ces catastrophes sont souvent dues à des négligences humaines. La dernière en date, c’est la bêtise humaine qui nous a coûtés huit morts au stade Demba Diop. Juste, à cause des pseudo-supporters Ouakamois qui ont foulé aux pieds les règles de fair-play et sportives. Et comme si cela ne suffisait pas, certains Sénégalais éprouvent, depuis quelques jours, le malin plaisir de réveiller l’irrédentisme ethnique.

Croyant que Internet est un monde sans gouvernement, ils font l’apologie de la haine. Loin de nous de chercher qui a commencé ou les raisons qui motivent ces énergumènes, nous préférons plutôt interpeller la conscience de chacun d’entre nous. Le Sénégal est l’un des plus beaux pays au monde. Point de chauvinisme ! C’est l’exemple type de dialogue islamo-chrétien.

L’identité ne se compartimente pas

Les Sénégalais sont à la fois wolof, peul, diola, manjack, serere, massonke, sarkhole, balante etc. La liste est très loin d’être exhaustive. Nous sommes à la fois toutes ces ethnies parce que l’identité ne se compartimente pas. Toutefois, on ne peut s’empêcher d’invoquer Amine Maalouf qui disait que les «identités sont aussi meurtrières». Mais, elles le seront tant que nous laissons se propager ces dérives verbales des personnes comme Penda Bâ qui répond à son autre compatriote.

Il était une fois, les mille collines

Mais le plus inquiétant, c’est la publication des déclarations qui sapent pourtant l’identité nationale et la cohésion sociale, dans les sites et dans certains organes de presse. Pis, une certaine presse a fini de tomber de Charybde en Scylla, en mettant l’accent sur l’origine ethnique des hommes politiques dont les noms sont évoqués à la station primatoriale.

Si la liberté d’expression est garantie dans notre Charte fondamentale, elle n’a de sens que si elle est accompagnée d’une grande responsabilité.

Hélas, notre pays est de plus en plus gagné par un journalisme de racolage. Désormais, nous faisons fi des fonctions éducative et pédagogique des médias. Depuis que l’information est devenue une «marchandise», la presse sénégalaise est gagnée par le sensationnalisme, l’exploitation des peurs, le stéréotype, l’émotion, la complaisance et le silence. C’est le triste inventaire sans exhaustivité aucune, qui témoigne des derniers débordements constatés dans les médias sénégalais et chez l’homosenegalesis. Mais attention à ces dérives. La radio des Mille Collines a contribué au seul génocide connu en Afrique. C’était au Rwanda. Alors, soyons plus responsables pour que le Sénégal reste ce havre de paix.


     Par Abdoulaye Thiam – Red Chef Sud Quotidien

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