Menaces d’expulsion de Sénégalais d’Amérique : l’appel très urgent de Jacques Habib Sy à Macky Sall

Un vent de panique souffle sur la communauté sénégalaise installée aux Etats-Unis. Près de 137 Sénégalais ont déjà été déportés dans un centre de transit de la Louisianne sans assistance judiciaire et en violation de la législation internationale sur les droits inaliénables des travailleurs migrants.Jacques Habib Sy, appel à Macky Sall

Cet évènement dramatique prend place suite à la décision du Président Donald Trump de durcir le dispositif réglementaire et juridique relatif à l’immigration des travailleurs étrangers aux Etats-Unis. Depuis plusieurs semaines, des travailleurs Sénégalais et Africains qui, généralement, comptabilisent plus de vingt ans de séjour aux Etats-Unis sans jamais avoir eu l’opportunité, comme des millions d’autres travailleurs immigrés illégaux d’Amérique centrale et du Sud surtout, de régulariser leur situation.

A quelques exceptions près, tous ces travailleurs ont cotisé régulièrement pour avoir droit à des allocations de retraite et se sont acquittés sans coup férir du paiement de leurs taxes. Quel que soit leur statut, ils ont droit, selon la loi de l’immigration américaine et la plupart des législations des différents Etats de la fédération américaine, à la jouissance de leur pension de retraite. Quant aux enfants de travailleurs illégaux, la loi leur reconnaît ipso facto le droit à la nationalité et au cas où ils sont mineurs à la protection de l’Etat fédéral, cela, pour éviter le recours à la séparation brutale et inhumaine entre parents, enfants et conjoints.

Un travailleur Sénégalais expulsé dans des conditions de déportation forcée voit ses enfants, de nationalité américaine, condamnés à la déchéance et à la dislocation familiale. Tragiquement, de retour au Sénégal, il n’aura pas la possibilité de jouir de sa pension de retraite substantielle par rapport au cours local pour être en mesure de faire face dignement à sa nouvelle situation.

Selon les informations qui me sont parvenues de la communauté sénégalaise des Etats-Unis, les autorités consulaires du Sénégal à Washington DC et New York son en train de préparer les sauf-conduits sur la base de la requête des autorités américaines de l’immigration pour rendre possible l’expulsion des Sénégalais actuellement internés dans l’une des contrées les plus éloignées des Etats-Unis.

Il paraîtrait que les expulsions pourraient commencer à partir du 2 mars courant. Si tel était le cas, cela voudrait dire que les Sénégalais expulsés perdraient irrémédiablement la jouissance de leur pension de retraite et se verraient obligés de faire rapatrier, à leurs dépens, leurs enfants mineurs, de nationalité américaine, soulignons-le de nouveau, et, même dans la plupart des cas, leurs épouses.

Pour ces travailleurs, ce serait l’effondrement de décennies de dur labeur et de sacrifices pour permettre à leurs familles immédiates et celles restées au pays de bénéficier de leurs revenus qui sont devenus un filet de sécurité transcendant pour les pays pauvres très endettés comme le Sénégal qui évitent l’asphyxie économique essentiellement grâce aux mandats qu’envoient ces dignes travailleurs à leurs parents démunis.

De source judiciaire américaine, il me revient que l’Ambassade du Sénégal aux Etats-Unis peut négocier avec les services d’immigration la mise en oeuvre d’une procédure d’urgence dite “d’action différée”. Cette procédure représente un pouvoir discrétionnaire que les services d’immigration peuvent à tout moment utiliser pour retarder la déportation imminente d’un individu sur la base de raisons humanitaires, comme, par exemple, le sort d’enfants mineurs de travailleurs illégaux dont les études voire l’avenir pourraient être sévèrement compromise par la déportation de l’un des conjoints ou les deux à la fois.

L’action différée permet, en outre, aux travailleurs illégaux concernés de bénéficier d’une carte d’identité américaine temporaire, condition sine qua non de la loi pour toucher leur pension avant leur expulsion. Au surplus, une telle action permettrait à ces chefs de famille de faire face à leurs obligations sociales et d’éviter que leurs enfants scolarisés ne tombent dans la déchéance immédiate et un avenir durablement compromis.

On me signale également que certains conducteurs de bus de transport inter-étatiques dénoncent à présent tout ressortissant africain ou  sud-américain identifié dans un bus en tant qu’illégal présumé et conduit dans un centre de détention avant son expulsion. Cette situation expliquerait la panique qui se serait installée au sein des petites communautés sénégalaises d’Amérique qui se cloitrent dans une sorte de clandestinité malsaine.

La communauté sénégalaise d’Harlem à New York est,  elle-même, dans l’émoi, en raison du nombre grandissant de Sénégalais menacés d’expulsion avec à la clé la disparition progressive des petites boutiques et restaurants qui faisaient la fierté des Sénégalais, des Maliens et des Guinéens installés depuis des décennies entre la 116e rue, la 125e rue et l’Avenue Malcom X de New York.

Je prie respectueusement M. Macky Sall, Président de la République du Sénégal, d’instruire les artisans de sa diplomatie de tenter une médiation à titre purement humanitaire et surtout pour permettre à nos braves compatriotes d’être rapatriés pension de retraite en mains, dans la dignité et l’honneur.

Ayant vécu au sein de cette communauté aux Etats-Unis et sachant les attaches que vous y entretenez, je ne doute pas de votre bonne disposition à leur égard par ces temps d’épreuve.

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