MAURITANIE : Evitons le clash (Par Cheikh Elkountiyou)

En règle générale, il est impossible de penser à une vie et à un monde sans crise. De temps à autre, les crises liées au domaine matériel, spirituel et politique augmentent et diminuent, mais elles ne disparaissent pas totalement.

Le Paradis est le seul endroit où la crise n’existe pas. Là-bas, il n’y a ni peur ni souci. Il y a les conséquences principales et secondaires des crises vécues dans le monde lors de la période dite de l’épreuve. Habituellement, celles-ci sont liées aux comportements des hommes. On parle des crises économiques qui ont secoué le monde pendant des périodes bien définies.

Dans ces derniers jours également une crise politique est en train d’être vécue chez nous. La crise que nous vivons n’a aucun lien avec les catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les incendies, les sécheresses ou les inondations, mais c’est surtout le tremblement du refus, (mais aussi) le feu de la passion, la sécheresse de la charité et l’inondation de certains désirs ; autant de facteurs qui secouent les cœurs et qui sont les causes principales de cette dernière crise qui sévit dans ce monde où le matérialisme sauvage est dominant. Comme on le sait, l’âme humaine prétend à l’éternité.

Il n’est pas possible de répondre aux besoins et aux désirs illimités de l’homme avec des moyens limités. À partir de cette évidence, ces besoins et désirs doivent être marqués par la discipline sinon l’homme devra rester permanent en plein centre d’un feu ardent. Le Prophète (PSL) donne la description suivante de l’état de l’homme privé de foi et de conviction : « Si le fils d’Adam satisfait deux besoins, il prétendra à un troisième.

Le ventre du fils d’Adam ne peut être rempli que de terre. » (At-Tajrîd As-Sarîh : hadith n°2097) Surtout de nos jours la « frénésie de changement » qui s’agite par l’intermédiaire de divers courants dans le pays ouvre largement les portes à la démence, à l’exubérance et à la consternation, et les désirs enflammés se transforment en un incendie incontrôlable.

La philosophie du changement et du suivisme et l’incohérence de nos chefs d’état ont exposé un style de vie relevant d’une course de longue haleine vers le néant et la bassesse. Cette recherche de changement veut mener vers la fortune et cela n’a pas l’air de vouloir cesser, car l’homme en veut toujours davantage. Produire des idées sans calcul préalable et vouloir les appliquer sur, pour et par le PEUPLE est une maladresse politique sans fin. Jusqu’où ira la fin de cette guerre de changement d’institution? Avoir faim à chaque fois que l’on mange ; avoir soif à chaque fois que l’on boit.

La faim n’appartient pas au ventre, il s’agit de la faim des yeux, des cœurs. Notre Prophète () a dit : « La richesse, ce n’est pas l’abondance de biens, mais la satiété du cœur. » (Riyâd as-Salîhîn, n°519) En fait, il dévoila le fait que la foi est un trésor intarissable. Idris (sur lui la paix) fait allusion aux prophètes en ces termes : « Avec même ce qui paraît suffisant, rien ne suffit pour que l’on soit contenté. » Le feu brûle à la même mesure que la quantité d’essence versée. « L’homme ne peut pas vivre que de pain seulement. » (Matta, 4/4) Hakim ibn Hizam raconte : « J’ai demandé au Prophète quelque chose qui lui appartint en propre (quelque bien) et il me l’a donné. Je lui ai redemandé de me donner quelque chose d’autre (quelque bien) et il me l’a donné en disant : « Eh Hakim ! Ce bien est doux et agréable. Quiconque le recevra de belle manière fructifiera.

Quiconque le recevra avidement, sa baraka s’en ira. Une telle personne ressemble à celui qui mange, mais qui ne se rassasie pas. » (Bukharî, ha dith n°6441) Le sentiment de pauvreté dans la fortune est l’expression de cette inabondance (absence de baraka).

N’ignorons pas l’aspect matériel de l’homme. Certainement que pour pouvoir mener une existence humaine, il est nécessaire de réunir les besoins fondamentaux. Abandonner le combat de la vie pour se retirer comme les yogis n’est pas bien sûr une option raisonnable.

Mais la prise de contrôle disciplinaire des besoins et des désirs, la maîtrise des sentiments, l’orientation de l’énergie de l’homme vers des services encore plus optimaux, la désactivation de l’homme de ses sentiments d’orgueil, le souci de l’intérêt social, constituent des critères indispensables sur lesquels doivent être moulés des individus n’ayant point la conviction que l’existence ne se limite pas qu’au manger et au boire ainsi qu’à la distraction.

Les individus dénués de leurs valeurs morales et spirituelles, ceux qui sont privés du goût de la foi, de la résignation et de l’immensité de l’amour d’Allah vivent toujours dans l’insatisfaction et l’impasse. Pour être satisfaits, ils s’adonnent à la vie de bohème, à l’alcool, à la drogue, aux jeux de hasard et à la prostitution.

D’un marais ils courent vers un autre. Ils tentent de se réconforter par de fausses consolations. L’incroyance est la cause principale de l’insatisfaction. Ceux qui sont privés de la joie de l’éternité oscillent entre « l’indétermination et le désespoir ».Travaillons pour éradiquer la pauvreté et la famine et laissons la constitution avec son article 38, les drapeaux et les sénateurs et l’hymne, des choses qui ne servent point la ménagère.

Et tous ces milliards peuvent servir à mieux gérer le pays, ne rien changer Notre MAURITANIE restera toujours notre MAURITANIE contre vents et marées, nous ne serons jamais avec ce changement La République Islamique Idyllique de Mauritanie Il faut conserver sa terre et son peuple, c’est le rôle de l’ETAT La pauvreté et la famine prennent au fur et à mesure de l’ampleur dans le monde. Ceux qui utilisent la force qu’ils détiennent comme moyen d’oppression et d’exploitation contribuent à former une majorité opprimée d’une minorité cruelle. « Certains mangent tandis que d’autres regardent, c’est cela qui mettra un terme au monde » : cette sentence est en train de se réaliser tout doucement. Il est certain qu’à cette allure force est de constater que l’on se dirige tout droit vers les plus grandes résurrections.

Notre Prophète (), quant à lui, s’était réfugié auprès d’Allah contre la pauvreté. Il a déclaré à ce propos que la pauvreté est une calamité proche de l’outrage, cela signifiant en d’autres termes « qu’une richesse non fondée sur des règles » est également dangereuse. Abû Ubayda de Bahrayn (qu’Allah l’agrée) s’était acquitté de collecter l’impôt pu is s’était rendu à Médine.

Les habitants de Médine qui apprirent l’information se rendirent ensemble à la prière de l’aube en compagnie du Prophète (). Après la prière, ils se tournèrent vers lui. Celui-ci, voyant leur situation, sourit et dit : « J’ai pensé que vous aviez appris qu’Abû Ubayda est venu avec une certaine quantité de biens. » « Oui, Envoyé d’Allah » répliquèrent-ils. Sur ce le Prophète PSL leur dit : « Vous allez bénéficier du bien qui vous distrait, que cela vous soit une bonne nouvelle.

Mais je jure au nom d’Allah que je crains pour vous l’extension de la pauvreté, l’ouverture des portes de ce monde comme cela l’a été pour vos prédécesseurs, l’engagement dans la course au matérialisme comme eux, et je crains également que le monde ne vous divertisse comme cela a été le cas pour eux. » (Bukharî, Hadith n°6425). Ce que notre Prophète craignit arriva exactement, la course au matérialisme se transforma en guerre et non en paix.

De nos jours, toutes les différentes guerres tirent leur fondement dans les intérêts économiques : la richesse est en train de se transformer en catastrophe. Car en ce qui concerne une telle guerre, certes la catastrophe en est la cause pour ceux qui veulent finalement gagner. Car les hostilités augmentent aussi à chaque fois qu’une concurrence impitoyable s’exacerbe. Une fois que la richesse se concentre dans les mains de quelques individus, le fossé entre riches et pauvres s’approfondit. À cause du climat de guerre qui règne dans le monde, ni le ventre du pauvre ni l’œil du riche n’est rassasié ; au fur et à mesure que les jours passent, la pauvreté matérielle et spirituelle prend de l’ampleur. L’existence est un espace de combat et de concurrence.

Mais cela ne doit pas être un chemin d’hostilité et de péché, mais un chemin d’amitié et d’entraide. Notre Seigneur dit : « Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. » (Coran, al-Baqara, 2 : 148)Nous ne voulons pas de cette insignifiante et indigne course à la richesse qui rend misérable le gagnant et le perdant. Nous voulons tout d’abord la richesse de la vie et celle du monde futur. Nous affirmons même qu’on ne peut corriger notre extérieur sans passer par la correction de notre intérieur. Les richesses sont à l’intérieur de nous. Disons qu’il nous faut les découvrir.

Quelle est belle cette parole exprimée par un derviche : « Si les rois connaissaient la richesse spirituelle que nous possédons, ils enverraient des armées entières pour nous la prendre. »La richesse est une arme, un moyen de dérober dans la main du bandit et un outil d’aide pour les oppresseurs. « Et ne confiez pas aux incapables vos biens dont Allah a fait votre subsistance.

Mais prélevez-en, pour eux, nourriture et vêtement ; et parlez-leur convenablement. » (Coran, an-Nisa, 4 : 5) Ceux qui détruisent les pays, ceux qui traînent le monde dans des crises, ce sont les riches qui s’emparent des fortunes au moyen de voies illicites. Le sage Mawlânâ Rumî, citant le Coran, exprime cette réalité en ces termes : « Et quand Nous voulons détruire une cité, Nous ordonnons à ses gens opulents [d’obéir à Nos prescriptions], mais (au contraire) ils se livrent à la perversité. Alors la Parole prononcée contre elle se réalise, et Nous la détruisons entièrement. » (al-Isra, 17 : 16) La déficience spirituelle a fait naître la cupidité, la gourmandise matérielle et l’impasse chronique. Les gens ont oublié le remerciement alors qu’ils sont au bénéfice d’innombrables grâces pouvant le susciter.

L’avidité liée à la richesse (ou à la fortune) et la peur de la privation ont noirci notre monde. Nous sommes arrivés à un stade où nous sommes privés du plaisir de la vie simple. Quelle belle expression a formulé notre Prophète () à cet égard : « Si quiconque parmi vous est confiant vis-à-vis de son ego, de la parfaite santé de son corps et qu’il dispose de sa nourriture quotidienne, on peut dire que les mondes lui appartiennent. » (Tirmidhî, Zuhd, 34) Quand notre cœur était riche, nous parvenions à la joie avec peu de choses ; de nos jours, les biens de valeur, particulièrement coûteux, ne donnent aucune joie par rapport à l’époque où une simple chemise ou une paire de chaussures pouvaient l’offrir.

L’essentiel n’est pas de disposer d’énormément de choses, mais d’être paisible et satisfait. Une autre très belle expression venue d’un sage ayant orienté son cœur vers Allah dit : « Mon Seigneur ! Moi qui ne possède rien en dehors de Toi, je plains ceux qui détiennent autre chose en dehors de Toi. » N’oublions pas également cette parole du sage Ibn Atâ Allah al-Iskandarî : « Celui qui T’a trouvé, qu’a-t-il perdu ? Celui qui T’a perdu, qu’a-t-il trouvé ? »La crise universelle n’est pas liée à  beaucoup de choses mais à ceux qui sont cupides et qui veulent tout posséder.

La solution consiste alors à éduquer les cœurs qui croient en Allah, à vivre dans ce monde en fonction de l’au-delà, à se conformer aux principes du licite-illicite, à tirer du plaisir dans le partage en abandonnant les plaisirs que procurent la vie terrestre. Ceci n’est pas une utopie. Même s’il faut du temps et des alternatives, il n’y a pas d’autre solution durable car l’évolution des activités se trouvant le bien et le mal est en rapport avec le caractère bon ou mauvais des individus et surtout de ceux qui possèdent le pouvoir et la fortune. Un monde beau se fonde sur de bonnes personnes.

En conséquence une moralité doublée de spiritualité reste la solution au premier niveau et à court terme pour fuir et éradiquer cette crise économique qui prend de l’ampleur concernant l’étranglement de la production et de l’exportation, le limogeage des ouvriers, la faillite et la fermeture des entreprises… la solution à ce niveau reste l’annulation des moyens d’exploitation que sont les taux d’intérêt, l’ajournement des dettes en appliquant les conseils du Coran et l’indulgence envers ceux qui n’ont pas les moyens de rembourser. C’est aussi l’augmentation des crédits sans taux d’intérêt, l’empêchement de la prodigalité et le traitement des ouvriers comme des membres de notre famille. À la place de ce cri du cœur : « Ah ! Nous sommes fichus ! » Il suffit d’exposer une attitude patiente et morale qui est donc la première mesure à adopter. « Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants. » (Coran, al-Baqara, 2 : 155)


Cheikh Elkountiyou – Laborantin à la retraite

1 Commentaire
  1. Chimer ENESSAM

    Une vraie leçon de vie qui appelle à vivre sur terre à la quête perpétuelle d’un meilleur au-delà

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