Mariages et grossesses précoces : Une pratique persistante qui brise l’avenir des mineures

A Kolda, les mariages et grossesses précoces sont monnaie courante. Les chiffres sont alarmants, avec une forte prévalence qui atteint plus de 68 %. Dans cette partie du pays, des filles âgée d’à peine 13 ou 14 ans sont données en mariage et voient les plus belles années de leur vie se transformer en cauchemar. Ces petites épouses ou petites mères voient toutes leurs perspectives se refermer. Malgré la mobilisation sans répit des acteurs et les efforts de sensibilisation pour informer les parents sur les dangers encourus par les enfants et les impacts néfastes sur leur épanouissement, cette pratique infâme persiste et continue d’être une source d’inquiétude pour les acteurs.

Par la fréquence, l’ampleur et les conséquences qui en découlent, le phénomène du mariage et des grossesses précoces continue d’être une source d’inquiétude à Kolda. Les chiffres sont alarmants. Ces filles qui n’ont même pas 15 ans quittent très tôt le cocon familial pour être jetées dans les liens d’un mariage arrangé ou forcé, alors qu’elles devaient être protégées par leurs familles et aller à l’école comme tous les enfants de leur âge. Au lieu de cela, elles endossent une vie d’épouse et de mère, portent un enfant qu’elles mettent au monde dans des conditions souvent difficiles, alors qu’elles-mêmes sont des enfants.

Que de vies détruites !

A Kolda, le mariage précoce est une pratique presque banale qui a volé à des milliers de fille leur enfance, leur avenir. Ce fléau trouve ses racines dans la tradition qui a la vie dure. La pauvreté aussi. Dans cette partie du pays, certaines familles aux revenus modestes se débarrassent de leurs filles comme d’un lourd fardeau en les jetant dans les bras du premier venu. L’illettrisme constitue également une autre raison, les parents n’ayant souvent pas conscience de l’impact que cela peut avoir sur l’avenir de leurs filles. Pis, cette pratique est souvent considérée comme faisant partie de leur tradition depuis très longtemps.

La précocité des rapports sexuelles n’est pas sans conséquences. Celles-ci sont dramatiques et dévastatrices sur le plan de la santé. Etant trop jeunes pour supporter une grossesse, elles meurent souvent en couches ou survivent avec de graves séquelles ou encore développent une fistule.

Dans certains cas, la démission des parents est pointée du doigt. « Le constat, à Kolda, est qu’il y a une démission des parents. Des maris ne prennent pas en charge leurs épouses et des pères de famille, leurs enfants. Ce sont des portes ouvertes à beaucoup de choses », regrette Babacar Sy. Cette situation favorise, selon le coordonnateur du Centre conseil pour adolescents et jeunes de Kolda, une absence de repères des enfants. « Quand, dans la foulée, une jeune fille dit qu’elle a voulu tomber en état de grossesse, cela pose problème. Les parents n’ont pas su discuter avec leur enfant à temps. Finalement, ce sont les enfants qui dictent leurs lois aux parents », se désole M. Sy.

Avec la pauvreté qui sévit dans la zone, certains parents ne subviennent plus aux besoins de leurs filles. Et de l’avis du directeur du Centre académique de l’orientation scolaire professionnelle (Caosp) de Kolda, ce manque de moyens financiers amène certaines jeunes filles à se donner aux premiers venus pour subvenir à leurs besoins primaires. Ce qui fait que beaucoup de prédateurs profitent de la naïveté des jeunes filles qui tombent dans les pièges de l’argent facile, du matériel, pour abuser d’elles. « Il y a le phénomène des chauffeurs de motos Jakarta qui ont un pouvoir financier sur ces enfants. Ils profitent de leur innocence pour les détourner et les violer. Malheureusement, ce sont des filles qui ne comprennent rien. Elles ne savent pas que derrière l’argent qu’elles reçoivent se cache la grossesse et des infections sexuellement transmissibles », explique Abdoulaye Coly. « Avec la paupérisation, les filles sont obligées de chercher elles-mêmes leurs propres moyens de subsistance. Cela pose problème. Au bout de deux ans, elles tombent encore enceintes. C’est très compliqué », regrette-t-il.

Une situation alarmante dans les écoles

Dans les établissements scolaires, les grossesses précoces constituent une réalité. Rien que durant l’année scolaire 2014-2015, l’Inspection médicale des écoles (Ime) de Kolda, rattachée à l’Inspection d’académie, a reçu 63 cas de grossesses par le biais des surveillants et principaux d’établissement ou des parents d’élèves pour une « prise en charge holistique ». Selon l’assistant social, Djiby Guissé, coordonnateur de l’Ime, l’essentiel de ces cas provient d’une dizaine d’établissements moyens de la commune de Kolda et environs.

Pour l’année 2015-2016, plus de 40 cas ont été enregistrés et 99 % de ces cas découlent d’actes d’abus sexuels, souligne M. Guissé. Une portion congrue provient, dit-il, des mariages d’enfants. Les parents des victimes saisissent ainsi le consortium dont l’Ime est membre, pour une prise en charge médicale, psychologique, scolaire et éventuellement juridique. « La fille reçoit ainsi un paquet d’offres de services », résume le coordonnateur de l’Ime. Mais, précise-t-il, tous les cas ne leur parviennent pas du fait des difficultés éprouvées pour couvrir toute la région.Ce chiffre, note-t-il, est infime par rapport à la réalité. « Si nous faisons une comparaison en fonction du nombre d’établissements moyens concernés (une dizaine sur les 70 de la région), nous nous rendrons compte que la situation est catastrophique », explique M. Coly. « Il nous arrive de recevoir des cas très douloureux à gérer parce que les filles n’ont pas une maturité physiologique et physique pour supporter une grossesse, et cela peut aboutir à des décès. Nous vivons parfois des situations dramatiques », fait savoir le coordonnateur de l’Ime qui pense que tous les acteurs doivent conjuguer leurs efforts pour circonscrire le mal. « Sur les 63 cas, 10 ou 15 élèves ne vont plus revenir dans le système scolaire. Après avoir connu une grossesse, il est difficile de revenir dans le système, même s’il y a des exceptions. Dans la plupart des cas, cela aboutit à des échecs scolaires », souligne-t-il.

Abdoulaye Coly responsable Caosp a KoldaAbdoulaye Coly précise cependant qu’il n’existe pas d’indicateurs pour jauger l’impact du phénomène. A son avis, il est difficile de dire que le phénomène a connu une baisse ou une hausse à partir des données mises à leurs dispositions ; celles-ci ne couvrant pas toute la région. « Parfois, nous avons l’impression que rien n’est fait, quand bien même les choses bougent », relève-t-il. Cette même impression est partagée par madame Antoinette Nzaly Guèye, vice-présidente du Comité départemental de la promotion de la fille.

Selon madame Guèye, la Scolarisation des filles (Scofi) qui est sensible à tous les problèmes des filles a commandité, au niveau national, une enquête pour voir la situation sur un échantillon d’écoles. « Les voyants sont au rouge à Kolda qui vient en deuxième position après Bounkiling, dans la région de Sédhiou », déplore-t-elle, en précisant que le Scofi accompagne les enfants victimes de mariage précoce qui veulent revenir à l’école. « Les filles ont la chance de poursuivre leurs études. Il y a un arrêté du ministre de l’Education nationale qui les autorise à continuer à suivre les cours jusqu’à l’accouchement et de les poursuivre après. Mais, le problème, c’est que quand la fille tombe enceinte dans son école, elle a peur d’y retourner. Ce que nous faisons, c’est la recaser dans une autre école. Celles qui ne parviennent pas à rester dans le public, on les recase dans le privé ou dans les écoles professionnelles. Certaines se découragent parce qu’il n’y a pas d’accompagnement des parents. Quelques-unes parviennent à retourner à l’école et à percer », explique Antoinette Nzaly Guèye.

Une quarantaine d’élèves touchés par le Vih

Les mauvais comportements sexuels exposent les adolescents aux infections sexuellement transmissibles, mais aussi au Sida.

Dans les établissements scolaires, les cas de Vih sont légion, explique Djiby Guissé. Selon le coordonnateur de l’Ime, des dépistages menés dans les écoles ont permis de déceler des cas de Vih Ainsi, une quarantaine d’élèves sont séropositifs. Une situation qui résulte, selon lui, d’une « banalisation » du sexe. Le problème, selon M. Coly du Caosp, est que ces enfants encourent une double peine. « Ils sont jeunes, sont victimes du Vih et leur famille n’est pas au courant. Ce qui freine notre démarche, vu que nous devons garder l’anonymat et la dignité de l’enfant », soutient-t-il, en précisant que le fait qu’une personne soit porteuse du Vih relève entièrement du domaine privé jusqu’à ce qu’elle décide d’en parler. « L’autre difficulté est que certains jeunes vont à Dakar après le baccalauréat. Cela pose un problème de suivi. Ce sont des porteurs de virus qui nous échappent parce que le suivi n’est pas assuré », indique-t-il.

Pour permettre aux victimes de partager leurs expériences, le Caosp a initié des groupes de parole. « C’est difficile d’agir parce qu’on a besoin de l’autorisation parentale, et ces derniers ne sont pas au courant. Il s’y ajoute que la victime n’est pas assez mature pour comprendre certaines choses. Nous essayons donc de leur apporter le maximum de soutien pour que la résilience soit effective », relève le responsable du Caosp.

Selon M. Coly, il y a des réalités très difficiles à partager. Car, soutient-il, les populations n’ont pas encore compris qu’on peut vivre avec le Sida sans en mourir. Et que quand on est séropositif, on peut mener une vie saine et remplie d’activités si on bénéficie de soins adéquats. Malheureusement, déplore-t-il, dès que la famille est au courant, l’enfant est stigmatisé dans le quartier ; ce qui constitue, à ses yeux, une immense erreur. « Il y a des filles dont le statut a été dévoilé et qui vivent en marge de la société. Elles ont été obligées d’aller vivre ailleurs. Il est difficile d’en parler aux parents et il est difficile aussi pour les parents de garder le secret. Mais ce qui nous importe le plus, c’est de protéger l’enfant », soutient M. Coly.

Prise en charge psychologique et psycho social

Le Caosp de Kolda fait partie du consortium des acteurs étatique de la protection de l’enfance mis en place pour combattre la problématique. Son rôle : prendre en charge toutes les victimes de violence sur le plan psychologique et psychosocial. Selon Abdoulaye Coly, psychologue conseiller sociologue par ailleurs, directeur du Caosp, un travail de résilience est proposé aux victimes. « Nous essayons de voir comment les aider à trouver leurs propres ressources leur permettant de dépasser leur situation. Cela se fait à travers des entretiens psychologiques, mais surtout une innovation, à savoir les groupes de parole », explique M. Coly.

« Après avoir stabilisé la victime et donné le maximum de services à la victime, nous les prenons dans une forme de prise de parole pour trouver des solutions », ajoute-t-il. De l’avis de M. Coly, la situation est complexe avec ces victimes d’une moyenne d’âge de 13-16 ans qui ont une sexualité très précoce. « Nous voyons des choses très difficiles à supporter. Souvent, ce sont des victimes très jeunes qui ont des problèmes pour accoucher ou qui sont obligées de passer par la césarienne. Elles sont souvent victime de fistules ». Le directeur du Caosp estime que le problème des mariages précoces constitue une question très difficile à régler. « C’est un cercle vicieux qui fait qu’il est très difficile de régler cette question. Les populations campent toujours dans cette pratique socioculturelle. Certains villages se trouvent dans une aire géographique très maraboutique, et il est alors très difficile de faire évoluer leurs mentalités. Dans d’autres zones, les acteurs étatiques n’y ont même pas accès. Dans ces contrées, ce sont des jeunes filles de 12 et 13 ans qui sont données en mariage. Nous faisons des campagnes de sensibilisation, des caravanes, mais ces pratiques sont toujours ancrées chez les populations », explique-t-il.

La grande croisade des acteurs

Mme Antoinette Nzaly GueyeLe fléau donne le tournis aux acteurs qui se battent au quotidien pour permettre à ses enfants de mieux grandir et de se développer en dehors du mariage. Pour mieux prendre en charge la question, un consortium des acteurs étatique de la protection de l’enfance a été mis en place et regroupe l’Aemo, le Caosp, le Cca, l’Ime et le Service régional action sociale. Ces acteurs travaillent en synergie pour aider les victimes à retrouver leur dignité. Selon Pape Diatta, chef de service départemental du Développement communautaire, par ailleurs Coordonateur du Conseil départemental pour la protection de l’enfance (Cdpe) de Kolda, le taux de prévalence se chiffre à plus de 68 %.

Mais, à son avis, la tendance est baissière. « Il y a eu beaucoup d’activités de sensibilisation au tour de cette question et il y a eu beaucoup de dénonciation », indique-t-il. « Quand on identifie des cas, on fait des référencements au niveau du Service départemental d’accueil et d’orientation (Sdao), puis on procède à l’évaluation de leurs besoins. Une fois que nous avons a ces informations, nous les réfèrons à d’autres structures qui jouent chacune sa partition », explique-t-il. Dans cette croisade, plusieurs innovations ont été apportées. Il y a d’abord les boutiques de droit. « Pour que les problèmes ne soient pas étouffés au niveau des familles, nous demandons aux parents des victimes d’aller voir, avec les gestionnaires de ces boutiques, s’il y a lieu de déposer une plainte ou pas. Si ce n’est pas nécessaire, nous faisons la médiation », relève-t-il. Une ligne d’assistance et de dénonciation a aussi été mise en place. Selon M. Diatta, elle est vulgarisée et le Cdpe reçoit des appels venant de différentes contrées de la région. Par rapport à ce dispositif, des cadres existent également au niveau local, fait-il-savoir. « Nous avons créé les comités villageois de protection (Cvp), les Comités communaux de protection (Ccp) et les Comités locaux de protection (Clp) au niveau des arrondissements. Au niveau de chaque cadre, nous avons pris le soin de former les membres par rapport au droit de l’enfant, à la détection, au circuit de référencement entre autres », note M. Diatta, en saluant l’engagement des acteurs.

Dans ce combat de longue haleine pour protéger les enfants contre les abus, violences et exploitations, l’Ong « La Lumière » est aussi fortement impliquée. Comme les autres structures d’ailleurs. A en croire Mame Thierno Aïdara, chef d’antenne de l’Ong, une trentaine d’animateurs a été mobilisée pour des actions de sensibilisation et de prévention sur les mariages et l’excision. « Ils sont bien présents dans les trois départements. Nous avons un ancrage social qui nous permet de faire des visites à domicile », précise M. Aïdara. « Nous jouons notre partition en recevant des enfants victimes pour une éventuelle rémédiation », indique-t-il. L’Ong reçoit en moyenne une centaine d’enfants, dont environ 25 victimes de mariage. « Pour échapper au mariage forcé, certaines adolescentes fuguent et viennent se réfugier ici. nous allons vers les familles pour voir ce qui se passe réellement. Il y a aussi des cas de signalement. Nous les accueillons avec tous les services de prise en charge et nous faisons la remédiation pour leur faire prendre conscience. Si le parent est compliqué, nous impliquons d’autres partenaires », fait-il savoir. Dès qu’une solution est trouvée avec la famille, précise M. Aïdara, les parents prennent un engagement avec les autorités et les partenaires que la fille ne sera plus donnée en mariage. C’est par la suite que la fille est retournée vers sa famille d’origine. « Pour toutes les filles qu’on avait retournées et que les parents avaient pris des engagements, nous n’avons pas encore enregistré de défaillances », assure-t-il.

L’Aemo, bras armé de la protection de l’enfance

centre d’accueil Considérée comme une « entité qui envoie des gens en prison » pour des faits de mariages d’enfants et de grossesses précoces, l’Action éducative en milieu ouvert (Aemo) est très redoutée à Kolda. Chaque fois qu’un dossier atterrit entre les mains de cette structure, il est aussitôt transmis au procureur de la République.

Ces deux dernières années, un remarquable travail de sensibilisation contre ce fléau a été mené par l’Aemo qui agit en étroite collaboration avec les autres structures, membres du consortium pour la protection de l’enfance. Selon son coordonnateur, Mouhamadou Lamine Guèye, l’impact de leur travail est réel chez les populations. « Longtemps méconnue, la dénonciation est devenue, aujourd’hui, monnaie courante. Il ne se passe pas un jour sans qu’un cas de mariage d’enfants et de grossesse précoce ne soit dénoncé », assure-t-il. « Il y a deux ans, on n’osait même pas parler de dénonciation à Kolda. Aujourd’hui, ce sont les populations qui viennent dénoncer certains cas », fait savoir M. Guèye en saluant la forte adhésion des communautés à ce combat.
Sa conviction est qu’un changement de mentalité est en train de s’opérer. La preuve, les arrangements (le jokkéréendam), longtemps pratiqués pour étouffer des cas de mariages précoces, sont rangés aux oubliettes. « Nous avons fait comprendre aux populations que le « jokkéréendam » n’est pas de leur intérêt et le message est en train de passer », indique Mouhamadou Lamine Guèye pour qui le problème de mariage d’enfants au Fouladou est d’abord culturel. « C’est une pratique ancienne et jusqu’à présent, il existe des survivances », déplore-t-il. A son avis, cette bataille se mène petit-à-petit. « Nous sommes en train de gagner du terrain », poursuit-il. Très souvent, des cas de grossesses précoces opposent des mineurs. Des jeunes sortent ensemble au vu et au su de tout le monde jusqu’à ce qu’une grossesse survienne. Marie Emilie Ndiaye Sadio, membre de l’Aemo, estime, pour sa part, que le problème qui se pose à ce niveau, c’est le refus de reconnaissance de la paternité de l’enfant de la part de la famille du mineur-auteur ainsi que de la prise en charge de la victime. A l’audience, dit-elle, on se rend compte que les mineurs étaient ensemble et que si on avait réglé cette question de paternité, le problème n’arriverait pas au tribunal.

A son avis, la prison n’est pas l’idéal, car, soutient-elle, certains jeunes détenus s’y forgent un autre caractère. C’est pour cette raison, poursuit-elle, que le Tribunal pour mineurs sermonne et accorde souvent le sursis. « Nous assurons le suivi si le mineur est à l’école. S’il n’y est pas, nous essayons de faire un placement. Pour la fille, nous prenons toutes les dispositions pour qu’elle vive correctement sa grossesse et puisse retourner à l’école si elle est élève », précise Mme Sadio. Au-delà, il y a la prise en charge psychosociale avec les différents partenaires. Le déficit de personnel pour mener le travail de sensibilisation dans toutes les contrées de la région a cependant été déploré. L’Aemo de Kolda, membre à part entière du Tribunal pour enfants, ne compte en tout et pour tout que deux agents.

Centre d’accueil, une préoccupation pour Kolda

Avec la recrudescence du mariage précoce, Kolda, une zone d’enfants en situation de vulnérabilité, fait face à un déficit de Centres de premier accueil pour les filles mères qui sont souvent bannies de la famille et de la communauté. Selon M. Diatta, la construction d’un Centre de premier accueil ne ferait que du bien à ces mineures en difficulté matérielle, familiale, sociale ou psychologique, et parfois victimes de violences conjugales, qui ont besoin d’un toit et d’un soutien pour les accueillir, le temps de retrouver une certaine stabilité. « Ziguinchor et Guédiawaye ont un centre pour accueillir ces enfants, mais Kolda n’en a pas. Le Cdpe est alors obligé de se rabattre sur l’Ong « la Lumière » qui a une capacité d’accueil réduite ou sur le Centre de premier accueil (Cpa) de Ziguinchor », indique M. Diatta du Cdpe. Le centre d’accueil et d’hébergement mixte de l’Ong « La Lumière », qui accueille des enfants de 6 à 17, ans n’a qu’une capacité de 15 lits, selon son chef d’antenne. Ce dernier précise qu’une augmentation de la capacité est envisagée. « Nous travaillons en parfaite collaboration avec le Cdpe et d’autres structures. Si l’enfant a besoin d’abri provisoire, nous amènons ici pour une prise en charge provisoire », souligne M. Aïdara. Selon lui, des enfants en provenance de Kaolack et Saint-Louis transitent par le centre avant d’être retournés.

Dès fois, indique M. Aïdara, des retours groupés sont aussi organisés vers la Guinée-)Bissau, et la Guinée Conakry. « L’objectif, ce n’est pas de maintenir définitivement l’enfant dans le centre. Nous recherchons leurs familles avec les autres partenaires. Si nous les trouvons et si toutes les conditions sont réunies, nous les retournons. Des fois aussi, nous les plaçons. Beaucoup d’enfants sont insérés dans les centres de formation professionnelle et nous assurons le suivi », fait savoir M. Aïdara. Plus qu’une nécessité, la construction d’un Centre de premier accueil constitue une urgence pour les acteurs. Cela permettra, à leur avis, de régler l’équation de l’hébergement.


Par Samba Oumar FALL et Souleymane Diam SY (textes)
et Pape SEYDI (photos)

Source : Lesoleil.sn

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