L’opposition invite Macky à s’approprier du discours du Khalife des Tidjianes

La classe politique sénégalaise a favorablement répondu aux dernières recommandations du défunt khalife général des Tidianes, Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum. Ce dernier, par la voix de son successeur, l’a invitée au dialogue afin ‘’d’éviter une guerre civile’’. Toutefois, les responsables politiques contactés par EnQuête invitent le chef de l’Etat à s’approprier ce discours.

Le Khalife général des Tidianes n’a pas perdu de temps pour sermonner la population sénégalaise, particulièrement la classe politique. Après son accession au Califat jeudi dernier, Abdoul Aziz Sy Al Amine a transmis samedi les dernières volontés de son prédécesseur, Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum.

L’ancien porte-parole de la famille Sy a en effet demandé à la classe politique ‘’d’arrêter les injures et les errements qui peuvent conduire le pays vers une guerre civile’’. Poursuivant ses recommandations, il a exhorté la classe politique à ‘’renouer le fil du dialogue sinon la situation qui pré- vaut pourrait mener le Sénégal dans une impasse totale’’. ‘’Il est temps que la classe politique se mette autour de l’essentiel pour l’intérêt et le bien-être des populations.’’ Un appel que la classe politique attribue d’office au Chef de l’Etat.

Joint par EnQuête, le porte-parole du parti Bokk Gis Gis est d’avis que le premier à être interpellé par ces propos est le président de la République, car selon lui, c’est ce dernier qui incarne le pouvoir. Moussa Diakhaté constate cependant que ‘’Macky Sall adopte malheureusement une position de menace, d’intimidation’’. ‘’S’il ne change pas de posture, le Sénégal peut sombrer’’, avertit-il.

C’est pourquoi le membre de Bokk Gis Gis invite le Président de l’Alliance pour la République à s’inspirer du discours du nouveau khalife général des Tidianes. ‘’Nous espérons qu’il va tirer des leçons de cet appel’’, rajoute-t-il.

Pour lui, la posture actuelle du successeur d’Abdoulaye Wade envenime la situation. ‘’Quand il traite l’opposition de moins que rien, quand la frustration est érigée en mode de gestion, il est difficile d’amorcer un dialogue dans ces conditions’’, regrette le porte-parole de Bokk Gis Gis. ‘’Il faut être attentif aux recommandations d’un illustre disparu’’.

Dans la même logique, le vice président de l’Ong Jamra pense qu’il faut être très attentif aux dernières recommandations d’un illustre disparu. Il demande ainsi à la classe politique de prendre très au sérieux cette recommandation posthume du défunt khalife Al Maktoum. ‘’Beaucoup de pays qui vivaient dans une relative tranquillité n’ont pas pu se rendre compte de la manière dont l’atmosphère socio-politique était en train de se dégrader. Ils se sont réveillés un bon jour et tout a basculé. Il est toujours possible de rebrousser chemin’’, souligne Mame Makhtar Guèye.

Pour ce dernier, le principal acteur qui a un rôle éminent à jouer en la matière et qui détient l’essentiel des cartes en main est le président de la République. Le membre de l’Ong Jamra pense qu’il est temps pour le chef de l’Etat de concrétiser le dialogue national lancé le 28 mai dernier. ‘’Nous l’exhortons à s’approprier ces recommandations et sans délai, d’appeler les acteurs politiques à la discussion qui ne signifie pas nécessairement compromission’’, propose-t-il.

Pape Saer Guèye du Pds pense pour sa part que cette déclaration du nouveau Khalife général de Tidianes corrobore les acteurs politiques qui constatent un déficit de communication sous le magistère de Macky Sall. En outre, le libéral est d’avis que le pays vit des remous favorables à une crise. ‘’Prendre de manière discontinue des dispositions pour faire un code électoral ou des décrets d’application qui violent la lettre de la constitution accentuent les frustrations. Il y a des scandales liés à la découverte des ressources naturelles, la passation des marchés, les suites données aux rapports des organes de contrôle de manière sélective’’, renseigne M. Guèye.

L’ancien ambassadeur itinérant sous le régime de Me Wade invite ainsi les parties prenantes au dialogue car, dit-il, les marabouts disposent d’assez d’informations pour alerter l’opinion. ‘’Si les gens ne se mettent pas à table pour discuter des questions et accepter la dévolution démocratique du pouvoir, nous allons droit au mur’’, déclare-t-il. Présent à Tivaouane le week-end dernier, le patron de Rewmi a invité les politiciens à s’approprier cet appel pour l’intérêt national. ‘’Cette responsabilité nous incombe à tous.

C’est le bien le plus précieux du peuple sénégalais. Que ce peuple soit à l’abri des tensions ethniques, comme politiques. C’est un appel auquel nous souscrivons entièrement parce que la responsabilité première de tout leader politique est de ne pas déchirer, de ne pas déchiqueter le tissu national’’, a déclaré Idrissa Seck. Parallèlement, le ministre Mor Ngom a précisé que tout le monde doit ‘’œuvrer pour l’émergence du peuple’’.

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