LÉGISLATIVES DU 30 JUILLET 2017 – L’équation des listes

Plus d’une quarantaine de listes sont attendues pour les Législatives du 30 juillet prochain. Une situation qui risque de donner de l’urticaire à bien du monde. Pour l’électeur qui devra se débattre avec pas moins de 49 listes et braver les longues heures d’attente, et les candidats qui ne sont pas à l’abri d’erreurs ou de confusion de leurs listes, la situation risque d’être déplaisante. Les acteurs dénoncent et préconisent des solutions.

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Le bon sens le plus élémentaire permet de constater que le vote aux prochaines législatives risque d’être chaotique dans les bureaux de vote, à cause du nombre pléthorique de listes en compétition. Cette situation d’ailleurs a le don d’agacer Modou Diagne Fada.

La tête de liste de la coalition Manko Yessal Senegaal ne mâche pas ses mots : “Cela va être difficile pour l’électeur de porter plus de 49 bulletins de vote et ça va être difficile de trouver des tables pour exposer ces bulletins. Une classe ne suffirait pas pour contenir les représentants de toutes les listes. Cela prouve toute l’absurdité du système de vote sénégalais”, martèle-t-il. En effet, même s’il faut attendre la publication officielle des listes pour connaître le nombre exact de listes en compétition pour les élections législatives du 30 juillet prochain, force est de reconnaître qu’on ne sera pas loin du chiffre de 49 listes évoqué.

Un nombre pléthorique qui risque d’influer “négativement” sur le processus électoral. Primo, chaque liste doit être représentée dans les différents bureaux de vote. Secundo, l’électeur sera appelé à soulever tous les bulletins, avant de s’introduire dans l’isoloir pour faire son choix.

Une situation qui, également, exaspère le président du groupe parlementaire de la majorité. Il n’hé- site pas à parler d’un véritable gâchis. “Il faut constater les dégâts, car pour chaque liste, il faut au minimum 7 millions de bulletins. C’est un gâchis énorme”. Ainsi, Moustapha Diakhaté appelle-t-il de ses vœux une concertation pour discuter de cette question. “Les partis sérieux doivent se mettre autour d’une table pour régler définitivement cette question. Il y a très peu de coalitions qui vont avoir des députés.

La démocratie permet à tout un chacun de se présenter, mais, je crois que 49 listes ne représentent pas autant d’offres politiques”, fulmine-t-il. Ousmane Badiane, membre du comité de suivi des élections pour la majorité, n’en dit pas moins. Toutefois, il est plus mesuré que ses prédécesseurs. Le plénipotentiaire fait remarquer que le Sénégal vit une situation inédite qui va se répercuter sur le déroulement du vote. Du fait que le temps de vote habituel risque d’être multiplié par deux ou trois.

Une situation qui, selon le membre de la Ld, va empirer dans les années à venir. “Nous sommes à 300 partis légalement constitués. Avec la dernière revue du code électoral, on a voté une loi pour permettre à tous les indépendants de participer à tous les types d’élections. A l’avenir, il faut s’attendre à ce qu’il y ait davantage de listes”, prévient-il. Le bulletin unique comme panacée ? Face à ces menaces qui pèsent sur la démocratie sénégalaise, Ousmane Badiane donne des pistes de solutions pour “améliorer notre système”. “La solution, c’est la rationalisation et la modernisation des partis politiques, afin qu’on ait moins de formations politiques qui représentent plus de courant et de sensibilité”, propose-t-il.

Le jallarbiste relève, en outre, que les dispositions prévues actuellement par la loi ne sont pas appliquées. Car chaque année, les partis doivent déposer leur bilan financier et leurs nouvelles instances, après chaque congrès. “Le contraire doit faire l’objet d’une dissolution ou d’une dissension. Depuis que cette mesure a été prise, il n’y a eu aucune application”, regrette le chargé des élections de la Ld.

Par contre, Moustapha Diakhaté préconise, lui, la suppression de la liste nationale, afin d’ériger, au niveau des 45 départements, 150 circonscriptions électorales pour, dit-il, régler définitivement la question des participations fantaisistes. “Ce sont des gens qui comptent sur le plus fort reste, pour avoir un député. Il faut que les partis aillent individuellement aux élections et ceux qui ont gagné des sièges peuvent mettre en place des coalitions. Il faut également augmenter le montant de la caution.

En plus, les parrainages doivent être étendus aux partis politiques et ne pas seulement les limiter aux candidats indépendants. Tout parti ou toute liste qui participe à une élection doit présenter un nombre de parrains suffisamment élevé pour décourager les candidatures fantaisistes”, propose le parlementaire de BBY. Nos interlocuteurs évoquent également le bulletin unique, comme une alternative pouvant aider les Sénégalais à remplir convenablement leur devoir citoyen. Seulement, ils précisent qu’il ne pourra pas être utilisé pour ces échéances. “Pour ces Législatives, on ne peut plus rien faire avec une disposition de la CEDEAO qui dit qu’aucune modification n’est possible dans les opérations électorales à 6 mois des élections, sauf consensus”, précise Moustapha Diakhaté.

Son collègue parlementaire Modou Diagne Fada pense même que c’est la seule solution à cette situation. Le leader de LDR/Yessal estime d’ailleurs que cela permettra au Sénégal de faire des économies pour le contribuable national. “A la sortie de ces élections, le gouvernement sera obligé de s’orienter vers la liste unique, parce que, pour les échéances à venir, l’électeur va prendre du temps avant d’introduire son bulletin dans l’urne et beaucoup de partis vont en pâtir, car il y aura forcément des confusions. Il faut y mettre un terme par l’adoption d’un bulletin unique”, préconise le leader de Ldr/Yeesal.

Ce qui fait dire à Ousmane Badiane que cette solution serait moins coûteuse pour l’Etat, beaucoup plus efficace, du point de vue des procédures de vote et plus simple par rapport à la visibilité pour l’électeur. Le responsable de la Ld précise toutefois que le bulletin unique nécessite un travail de préparation, d’information et de communication. “C’est un travail de longue haleine qui pourrait être envisagé pour l’élection présidentielle”, conclut Ousmane Badiane.

EnQuete

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