L’allégorie de la Baliverne

Le réel n’est pas homogène selon Platon. Il se décompose en deux parties : d’une part le monde sensible accessible aux sens, le réel immédiat source d’erreur et d’illusion; de l’autre, le monde intelligible accessible à la seule raison, lieu des idées et de la vérité. en associant la réalité et la vérité, Platon condamne le monde sensible. Le cheval n’est pas la vérité, seule l’idée de cheval est vraie.

Sénégal - fin de la trêve politique entre Macky Sall et Abdoulaye Wade

La colère et les menaces de boycott d’Abdoulaye Wade ne sont pas la vérité. Seul ce qu’il compte en faire est susceptible de vérité en ce sens que son attitude encore renouvelée, de convoquer nos institutions au bord du précipice, est propre à nous faire douter et à exciter en nous des éclairs de vigilance et de circonspection. pourquoi nous prend-on pour des buses, ces oiselets sans cervelle, piaillant et voletant insouciants du danger des pré- dateurs alentours.

La conciliation voulue et appelée depuis des années «dialogue national», a-t-elle raison d’être aujourd’hui, alors qu’on nous ressort le vieux serpent de mer du statut de chef de l’opposition ? Comme par hasard juste un peu tripatouillé, la coalition emmenée par Abdoulaye Wade arrive deuxième derrière celle dirigée par le parti de Macky Sall, devant l’adversaire le plus craint, Khalifa Sall et le reste compte pour du beurre, du moment qu’on a pu humilier, croyant qu’on les réduirait ainsi à néant, Idrissa Seck et Abdoul Mbaye.

C’est à cet instant que nos esprits se doivent d’être alertes et nous commander que lorsqu’on nous montre et nous désigne l’évidence, nous soyons toujours plus enclins à regarder ailleurs. Parce que «Li yenguetou, liko yengueul moko eupeu dollé». Et alors, nos esprits, adossés à nos intelligences qu’on ne saurait laisser insulter, se mettent à regarder la lumière et non la lueur sous laquelle ces faits sont projetés. Wade pique une colère, menace Macky de boycotter ses futurs scrutins et se pose donc en leader et peut-être enfin en futur chef de l’opposition constitutionnalisé.

Une fois ces accusations de fraudes envoyées au chef de l’Etat, et ces menaces proférées, comme par enchantement c’est le guide Omarien, Thierno Madani Tall qui vient rencontrer chez lui, celui qui vient d’agonir son ami de président de soupçons de banditisme électoral. C’est peut-être le «top départ» de la future présidentielle qui viendrait ainsi d’être donné ? Rien ne vient alors détourner le cours de nos interrogations sur ce qui pourrait advenir dans les mois qui viennent, sachant le vœu de réconciliation de la grande famille libérale.

Gouvernement d’union nationale avec «le chef de l’opposition», lequel ne l’oublions pas est obnubilé par la situation de son fils toujours pas gracié, ce qui est un sérieux mobile de forfaiture politique, et le tour serait joué. Ces élections ratées n’auraient-elles donc servi qu’à mettre en orbite ce scénario ? L’ombre de la lumière ainsi projetée, tangue dans nos esprits. et elle nous fait voir aussi, citant Platon, « le long de ce muret, des hommes qui portent des objets fabriqués de toutes sortes qui dépassent du muret, des statues d’hommes et d’autres êtres vivants, façonnées en pierre, en bois, et en toutes matières.

Et parmi ces porteurs, comme il est normal, les uns parlent, et les autres se taisent». Nous ne sommes qu’au générique de début d’un film qui va durer 18 mois, gardons les paupières plissées pour ne point être éblouis. Par cette allégorie de la baliverne.

Jean Pierre Correa

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