La longue liste des reniements présidentiels de Macky Sall, il dit et se dédit (wax waxett)

Macky désacralise sa parole

D’un gouvernement à 25 ministres, au respect d’un mandat de 5 ans, en passant par la transhumance, la nomination de Aliou Sall à la tête de la Caisse des dépôts et consignations allonge la liste des reniements présidentiels. Le Quotidien en a relevé quelques-uns depuis.

Grand théoricien de la refonte des valeurs, le Président Macky Sall a acquis le pouvoir pour avoir vendu un certain nombre de valeurs aux Sénégalais.

La transhumance, le non-respect de la parole donnée, le népotisme, sont entre autres maux, réprouvés par le candidat Macky Sall, alors opposant de Me Abdoulaye Wade. Cependant depuis le 25 mars 2012, ils sont légion ces principes violés par le président de la République. Le dernier en date, intervenu lundi dernier, avec la nomination de Aliou Sall comme directeur général de la Caisse des dépôts et de consignations (Cdc), allonge la liste des reniements du Président Sall.

Transhumance, mandat présidentiel, gouvernement à 25 ministres, traque des biens mal acquis,… Car la main sur le cœur, Macky Sall avait juré qu’il ne mêlerait pas sa famille à la gestion du pouvoir. «Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal (Wade père et fils) et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme.

Je lui avais même conseillé, à l’époque, d’essayer de voir dans le privé», avait-il dit lors d’un entretien en décembre 2016 à Jeune Afrique. En jetant un regard dans le rétroviseur, des signes avaient petit à petit montré que Macky Sall allait buter sur la matérialisation de ses promesses. Sur la taille du gouvernement, le Président avait promis 25 ministres.

Mais l’expérience s’est révélée douloureuse. Si le chiffre était respecté sous Abdoul Mbaye, le gouvernement passe à 32 ministres sous Aminata Touré. Il est de 39 membres sous Mahammed Boun Abdallah Dionne. Mais le symbole du non respect de la parole est sans conteste la question de la durée du mandat présidentiel.

Après avoir promis aux Sénégalais de s’appliquer la limitation à 5 ans de son premier mandat, le président de la République s’appuie sur l’avis du Conseil constitutionnel pour dérouler un septennat. Ce revirement, qui avait ému une bonne partie de l’opinion publique, posait le débat sur le respect de la parole du chef. Le Président Macky Sall passait ainsi comme celui qui avait imité son ex-mentor, Wade, avec le fameux wax waxète (reniement). Sous un autre registre, le président de l’Apr s’est mué en avocat des transhumants, en avril 2015, lors du Conseil des ministres décentralisé de Kaffrine.

Macky Sall faisait clairement l’apologie de la transhumance après l’avoir décriée, la qualifiant d’«amorale» sous le régime de Wade. «Lorsque vous avez une majorité et que vous voulez la consolider, si vous n’allez pas pêcher dans le camp adverse, comment allez-vous maintenir votre majorité ? L’opposition fait dans la critique, la désinformation et la surenchère pour décourager des pans entiers du pouvoir et les ramener vers elle. Le pouvoir aussi doit tout faire pour récupérer des gens de l’opposition.

C’est un jeu tout à fait normal en politique. Il ne faut pas le dramatiser. Depuis longtemps, ces mouvements existent et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons les arrêter», déclarait-il lors d’une conférence de presse. Il laissait ainsi la porte ouverte à Me Ousmane Ngom, Serigne Mbacké Ndiaye, Souleymane Ndéné Ndiaye,… pour ne citer que ceux-là, ils n’avaient aucune gêne à s’allier avec l’Apr. Quelles promesses en 2019 ? A la veille des Locales de 2014, le Président devant ses hommes avertit sur un ton guerrier lors d’une réunion du Sen de l’Apr : «Tant que c’est possible, il faudra aller vers une liste commune de Benno bokk yaakaar. Faites tout pour que la coalition aille ensemble aux élections. Si vous ne pouvez pas passer, il faut laisser les alliés devant. Tout responsable qui fait du forcing et qui perd, je le sanctionne. Je veux qu’on soit clair à ce sujet.» Au lendemain du scrutin du 29 juin, Macky Sall joint la parole aux actes. Abdou Latif Coulibaly battu à Sokone, perd le ministère de la Promotion de la bonne gouvernance, Thierno Alassane Sall victime de Idrissa Seck à Thiès rend les clefs du ministère des Infrastructures et Anta Sarr Diacko est limogée du ministère de la Femme. Seydou Guèye, Secrétaire général du gouvernement est prié d’aller voir ailleurs. Cependant la trêve n’a duré que quelques mois.

Latif Coulibaly se retrouve Secrétaire général du gouvernement, Seydou Guèye porte-parole du gouvernement, Thierno Alassane Sall reprend de la vigueur au ministère de l’Energie et Anta Sarr Diacko est casée à tête de la Délégation générale à la Protection sociale.

Dans le secteur de la Justice, le Président n’est pas allé au fond de sa pensée. La traque des biens mal acquis, une «demande sociale», est aujourd’hui en veilleuse depuis que certains responsables de l’ancien régime l’ont rejoint. Les rapports de l’Ofnac qui épinglent certains responsables de l’Apr dorment dans les tiroirs. En 2019, à l’heure du bilan, Macky Sall devra peut-être faire d’autres promesses pour obtenir une réélection…

Avec LeQuotidien

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.