Grossesse et jeûne du Ramadan : le dilemme des femmes musulmanes

Grossesse et jeûne ne riment pas toujours. Mais, dans certains cas, ils peuvent aller de pairs. Seulement, entre respect d’une obligation divine, même si l’Islam les dispenses du jeûne qu’elles peuvent compenser plus tard après accouchement, et d’une prescription médicale, le dilemme s’installe chez nombre de femmes musulmanes en cette période de mois béni. En effet, si certaines jeûnent, d’autres, cependant, préfèrent rester très prudentes, et s’en remettre à leur médecin (sage-femme ou gynécologue).

En période de Ramadan, les femmes en état de grossesse font fortune diverse dans l’observation du jeûne. Même si au niveau de la médecine, on ne conseille pas le jeûne, certaines femmes s’y aventurent. Toutefois, les sages femmes et les médecins, cherchent à les accompagner en leur prodiguant des conseils afin d’éviter des complications comme l’anémie, l’hypoglycémie et autres au cours de la grossesse ou de l’accouchement. Pour ce qui est de l’échographie, il est conseillé aux patientes de boire beaucoup d’eau avant.

A l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy) où nous nous sommes rendus, des femmes enceintes venues faire l’échographie sont installées dans le hall de la maternité. Beaucoup d’entre elles ont jeuné. Cette femme venue le faire est à jeun se demande si elle doit couper le jeûne ou non. A trois mois de grossesse, elle continue à observer le jeûne, sans problème, ni grande difficulté. Elle se confie: «la grossesse ne m’a jamais empêché de jeûner. Toutefois, je prends mes précautions avant et après le jeûne pour ne pas tomber malade», a-t-elle fait savoir.

Et de poursuivre: «dès l’aube, avant de démarrer le jeûne, je prends mes médicaments, surtout le fer, le soir après la rupture. Je prends des vitamines qui m’ont été prescrites et je bois beaucoup d’eau. Seulement, aujourd’hui, pour l’échographie, je ne sais pas si je dois prendre de l’eau avant de la faire où rester ainsi, car je j’observe le jeûne». Pour cette dame, sa santé et celle de son enfant compte énormément à ces yeux. Voila, pourquoi, elle a laissé entendre: «si c’est nécessaire que je dois rompre le jeune pour une bonne vue de l’échographie, je le ferais. J’ai d’ailleurs amené une bouteille d’eau avec moi».

Mariétou Sène, la trentaine, venue pour le même besoin, est elle aussi à jeun. Elle se sent fatigué. A 14 heures, elle est allongé sur le banc de l’hôpital attentant qu’on l’appelle. «Je me sens très fatiguée. Avec la chaleur, ce n’est pas évident. Mais, si on ne le fait pas maintenant, on le fera après. Il vaut mieux jeuner une partie ou tout le mois en même temps que tout le monde, c’est moins pénible. Mais cela nécessite beaucoup de repos», a-t-elle fait comprendre.

Pour Marième Ndiaye, il n’est pas question de jeuner en cette période. «Il faut bien s’alimenter et boire beaucoup d’eau, surtout en période de chaleur. Et, pour ce qui me concerne, je ne peux pas m’en passer car j’ai tout le temps faim et je dois manger pour le bien de mon enfant.»

Pour le corps médical, il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu, chez certaines femmes. «Il y a certaines femmes qui évoquent l’aspect religieux et leurs époux sont très fermes là-dessus. Tout le monde doit opérer le jeûne sans exception. Certaines n’ont pas le choix et sont dans l’obligation de se soumettre; pour d’autres, par contre, c’est par conviction», a laissé entendre une sage-femme gardant l’anonymat. Et de d’ajouter: «à notre niveau, nous faisons tout notre possible pour les aider, en leur prodiguant des conseils et en faisant un suivi rapproché».
Sud Quotidien

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