Education : Déconnecter le système de l’héritage colonial

Les experts ont préconisé l’élaboration d’un modèle éducatif déconnecté de l’héritage colonial. C’est la voie qui mènera le Sénégal vers l’atteinte des composantes 4 des Objectif de développement durable (Odd). Ils ont formulé cette recommandation au cours d’un atelier ouvert à Dakar.

Les Ong sont plus susceptibles d’introduire des transformations dans le système éducatif. C’est l’argument de l’ancien ministre de l’Education Mamadou Ndoye qui a animé, une conférence axée sur « Les Ong face à la mise en œuvre de l’Odd 4 : positionnement, rôles et responsabilités, outils et mécanismes de suivi ». Pour ce spécialiste des questions d’éducation, le Sénégal et beaucoup de pays africains n’ont pas encore conçu un modèle de politique éducative totalement en rupture avec celui hérité du système colonial ou éloigné du modèle issu des premières années d’indépendance. « Jusqu’ici, nos politiques éducatives sont faites de correctifs. Pour être clair, par exemple, on dit qu’on supprime l’enseignement de l’histoire et de la géographie de la France et on enseigne notre histoire et notre géographie. Il y a certes des changements, mais la base est toujours là », a-t-il regretté au cours de l’atelier organisé par l’Ong Aide et Action.

M. Ndoye a insisté sur l’urgence d’apporter des innovations afin d’accélérer la marche vers l’atteinte de l’Odd 4, notamment l’achèvement du cycle complet d’enseignement primaire et secondaire pour les filles et les garçons d’ici à 2030, l’accès pour ces cibles aux activités de développement et de soins pour la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui prépare à suivre un enseignement primaire. « Il faut une transformation de nos politiques éducatives », a prêché l’ancien ministre de l’Education. L’élaboration d’une politique ne suffit pas à lever des contraintes. La volonté politique est fondamentale dans la mise en œuvre des recommandations. « Les déclarations ne suffisent pas. Il faut des ressources financières, des arbitrages budgétaires, pour opérationnaliser des mesures qui ont été prises », a recommandé Mamadou Ndoye. Il a soutenu que la non généralisation de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif souffre d’un manque de volonté politique au Sénégal. Surtout que l’expérimentation dans des écoles communautaires du pays a donné des résultats satisfaisants. « Il nous faut réfléchir sur le fait que l’introduction des langues nationales ne dure que le temps d’une rose », a suggéré le président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves, Bakary Badiane. Pour sa part, le Pr Bouba Diop a estimé que l’échec de la politique éducative ne peut être analysé en occultant les échecs des politiques sociale et économique. « Je n’utilise plus le concept de volonté politique, je préfère parler de conscience politique », a fait savoir l’universitaire pour décliner la part de responsabilité des gouvernants dans la contre performance des politiques éducatives. De son côté, Ousmane Diallo de l’Ong Aide et Action est revenu sur les objectifs de cet atelier. Il s’agit, selon lui, de permettre aux organisations de la société civile d’avoir la même lecture sur les composantes 4 des Objectifs de développement durable (Odd). L’ancien recteur de l’Ucad Abdoul Salam Sall a modéré les débats.

Idrissa SANE et Pape Coly NGOME

Mamadou Ndoye, expert en éducation : « Brisons le monopole académique sur le savoir »

Mamadou Ndoye, expert en éducationL’expert en éducation Mamadou Ndoye a regretté qu’une frange importante des acteurs de la vie active soit laissée en rade dans la recherche de solutions pour l’amélioration des politiques en matière d’éducation et de formation professionnelle. « 95 % de nos menuisiers sont formés par les maîtres-artisans. Si nous donnons des moyens à ces maîtres qui encadrent des milliers de jeunes dans divers métiers, nous pouvons relever leur niveau de qualification. Aujourd’hui, il y a une nécessité de briser le monopole académique sur le savoir », a défendu Mamadou.


LeSoleil

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