Edito – Scrutin législatif à but lucratif : Victoire de la « médiocrité » et défaite de la « réputation historique » des élections au Sénégal.

« La droite a gagné les élections. La gauche a perdu les élections. Quand est ce que ce sera le peuple qui gagnera les élections ? ». Coluche (1944-1986). Du jamais vu dans l’histoire de notre pays. Le Sénégal a connu dans le passé trois alternances pacifiques. Cette Nation qui s’est toujours distinguée grâce à l’organisation d’élections justes et transparentes, vient de piloter le scrutin le plus nul de son histoire.

  • Ruée vers les prairies vertes de l’assemblée nationale

D’abord, nous allons revenir sur le nombre important de listes (47) déposées par les coalitions en vue de décrocher des sièges parmi les 165 qui composeront l’hémicycle. Ce fait est une preuve suffisante pour confirmer que la politique est considérée comme un moyen visant à accéder aux conforts et à la richesse. Certains candidats n’hésitent pas à changer de camps dès lors que le chef de parti mette sur la table des billets à coût de millions.

La transhumance et la trahison sont devenues banales et nous assistons à un jeu de ping pong de coalition à coalition. La politique qui devait être perçue comme étant l’art de gérer et servir la cité s’est transformée en un jeu de chaise musicale, permettant de mettre la main sur des privilèges.

L’Assemblée Nationale serai un eldorado très convoitée par des paparazzis qui n’excluent pas d’employer des moyens peu catholique pour y accéder. Certains hommes politiques sont prêts à tuer, à corrompre, à marabouter ou même à magouiller pour parvenir à leur fin. Notre cher Sénégal mérite-t-il cette génération d’élites qui ne se préoccupent que de ses intérêts personnels ?

  • Une organisation médiocre jusqu’au jour même des élections

Nous n’allons pas revenir sur les anomalies notoires constatées sur la confection et la délivrance des cartes d’identité biométriques, ainsi que sur la date inappropriée choisie pour la tenue de cette compétition.

La C.E.N.A et le ministère de l’intérieur ont reconnues que des difficultés ont été rencontrées et que plus de 30% des cartes ne sont pas disponibles. Ce qui est plus surprenant encore, c’est le fait que l’Etat ait eu à proposer des solutions scotch à trois jours du scrutin en autorisant les récépissés et les anciennes cartes numérisées. Plusieurs couacs sans précédent ont été donc notés.

Par exemple, les problèmes des primo inscrits, des noms des citoyens qui ne figurent pas sur le fichier électoral alors qu’ils disposent de leurs cartes en bonne et due forme, des retards dans l’acheminement du matériel électoral, des retards dans le déroulement du vote surtout à Touba etc…

C’est la première fois dans toute l’histoire politique du Sénégal, que des élections d’une telle médiocrité sont tenues. Malgré toutes ces bizarreries, le scrutin a été déroulé et des résultats seront proclamés. La réputation du pays de la Teranga a été ternie partout dans le monde…

Des informations font même état de nombreuses irrégularités notées dans la diaspora. Quoi que l’on dise, la responsabilité est partagée et l’Etat du Sénégal endosse la plus grande obligation.

Le peuple est la seule variable qui paiera les pots cassés dans la mesure où ses représentants seront mal élus… Comme le disait Jean Mistler : « La majorité a toujours raison, mais la raison a bien rarement la majorité aux élections ». A quand la rupture ?

 

       Khadime Mb. Diop – laviesenegalaise.com

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