E-commerce : les revenus de Jumia divisés par deux au premier semestre

Le spécialiste panafricain de l’e-commerce voit son chiffre d’affaires s’effondrer, confirmant un mauvais début d’année. En interne, on renvoie pareille chute au Nigeria, le premier marché de l’e-commerçant, où l’économie est entrée en récession et la monnaie nationale, le naira a dégringolé.E-commerce les revenus de Jumia divisés par deux au premier semestre

Jumia, le spécialiste panafricain de l’e-commerce, continue de dévisser, selon des résultats publiés le jeudi 22 septembre par l’incubateur de start-up allemand Rocket Internet, l’un de ses deux principaux actionnaires. Jumia, a vu son chiffre d’affaires reculer à 33 millions d’euros de janvier à juin 2016, contre 75,8 millions d’euros, soit un recul de -56,5%. La dégringolade atteint même 71,9% au deuxième trimestre uniquement, passant de 42,8 millions d’euros en 2015, à un bien maigre 12 millions d’euros d’avril à juin.

Depuis son lancement en 2012, Jumia réalisait un chiffre d’affaires en pleine croissance, malgré des pertes récurrentes. Après avoir quintuplé son volume d’activité entre 2013 et 2014 (61,8 millions d’euros), encore doublé entre 2014 et 2015 (134,6 millions d’euros), la plateforme avait connu début 2016 son premier accident de parcours, avec une baisse de -36,6 % de ses revenus nets au premier trimestre. Le fort ralentissement semble donc se confirmer.

Changement de modèle ? 

Jumia continue par ailleurs à perdre de l’argent avec une perte d’exploitation (Ebitda) de 35,4 millions d’euros, certes moins importantes que le  43,7 millions d’euros de l’an dernier à la même date, mais autrement plus grandes rapportées au chiffre d’affaires (107,5% fin juin 2016, contre 57,6% en juin 2015).

Le décalage entre le fort ralentissement des revenus et de la rentabilité, et un recul plus léger du nombre d’objets vendus (1,3 million de transactions, -11%), confirme « le changement continu de business model de Jumia, d’un e-commerçant [qui source et distribue lui-même ses produits] à une place de marché [marketplace, ouverte aux entreprises et aux particuliers qui souhaitent commercialiser leurs produits] », ainsi que l’évoque Rocket Internet dans sa publication semestrielle de jeudi. Et comme en témoigne le rebranding de tous les sites du groupe sous la bannière unique de Jumia, en juin.

Chez Jumia, si aucun responsable de la société n’était disponible pour commenter, on évoque en interne la crise qui touche de plein fouet le Nigeria, premier marché de Jumia dont l’économie est passée en récession. Un pays central pour l’e-commerçant : ainsi, par exemple de la centrale de réservations hôtelières, Jumia Travel, l’un des sites du groupe, qui réalise ainsi 30 à 50% de ses réservations au Nigeria, indiquait récemment  Paul Midy, son patron, à Jeune Afrique.

375 millions

Autre impact très défavorable, la dévaluation du naira, qui a fortement perdu de sa valeur après la décision du gouvernement de la Banque centrale de laisser flotter la devise nigériane après des mois de taux fixe. « La monnaie a perdu 50% de sa valeur, il est normal qu’elle pèse dans nos résultats », indique un porte-parole de Jumia.

Pourtant, dit-on également en interne, la première licorne africaine (nom donné aux start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars) a de quoi voir venir et les épaules suffisamment solides pour affronter cette conjoncture défavorable : en 2015 puis début 2016, le spécialiste du commerce en ligne a ainsi sécurisé 375 millions d’euros auprès de l’assureur français AXA, de la banque américaine d’investissement Goldman Sachs, ainsi que des opérateurs de téléphonie sud-africain MTN et Orange. Sans parler d’autres pays, comme la Côte d’Ivoire, le Kenya ou le Maroc, moins tributaires des hydrocarbures, où Jumia se félicite de ses performances sans en communiquer le détail.

Concurrence féroce dans l’e-commerce africain

Le secteur de la vente en ligne en Afrique est en pleine ébullition mais la concurrence est féroce et le risque d’échouer très fort. Arrivé sur le continent il y a deux ans, Cdiscount en sait quelque chose. Le français, qui s’est retiré du marché en Équateur et au Vietnam, a mis un terme au début de l’été à ses activités au Cameroun et en Sénégal et ne se maintient plus qu’en Côte d’Ivoire.

Jeune Afrique 

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