Débat : « la peine de mort est dépassée au Sénégal » Selon Aminata Touré

Pour Aminata Touré, la peine de mort est dépassée au Sénégal. Afin de réduire la montée de la criminalité, l’ancien Premier ministre appelle entre autres, les Sénégalais à aligner leur niveau de vie sur leurs ressources.mimi-toure

Aminata Touré désapprouve un possible retour de la peine mort. Cette idée, défendue par Me El Hadji Diouf, le député Seydina Fall dit Boughazelli et quelques prêcheurs, n’enchante pas l’Envoyée spéciale du président de la République. Elle a donné son avis sur cette question hier à Gorée où elle  présidait le 5ème Symposium annuel sur la gouvernance, la paix et la sécurité en Afrique organisé à Gorée institute. L’ancien Premier ministre enfile sa robe  de militante des droits de l’Homme. «Chaque fois qu’il y a mort d’homme, il y a beaucoup de douleur, de peine et d’émotion. A mon avis, c’est le rôle des élites de rassurer et de dire que le Sénégal reste un pays où la sécurité est quand même ancrée.

Par rapport à cette série d’événements qui se sont passés, j’estime, et le président de la République l’a dit hier (mercredi) lors du Conseil des ministres, qu’il y aura certainement un dispositif judiciaire qui prendra en compte cette insécurité mais moi, je reste une militante de l’abolition définitive de la peine de mort parce que je considère que Seul Dieu a le privilège de prendre la vie», souligne Mimi Touré.

«Réajuster notre niveau de vie à nos ressources»

Abolie en décembre 2004, le débat sur la peine de mort refait surface chaque fois que des crimes de sang heurtent la conscience collective sénégalaise. Les mois macabres d’octobre et de novembre avec notamment les meurtres du taximan Mbaye Samb, des pharmaciens de Ndioum et de la vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental, Fatoumata Moctar Ndiaye ont réconforté la position des défenseurs de la peine capitale.  «Je pense qu’on a atteint un niveau de civilisation où on a dépassé le œil pour œil dent pour dent, objecte l’ancien chef du Gouvernement.

Néan­moins il faut un dispositif com­me le connaissent certains Etats pour certains crimes. Il y a la réclusion à perpé­tuité.» Regar­dant dans le rétroviseur, Ami­nata Touré rappelle que deux Sénégalais sont dans le couloir de la mort à l’étranger. «Nous avons 2 compatriotes qui risquent la peine de mort et nous avons fait des appels à la clémence. C’est très douloureux ce qui se passe mais je pense qu’il faudrait dans une société qui a fait ce pas d’abolir la peine de mort qu’on persévère tout en renforçant le dispositif de sécurité mais également en cultivant cette culture de la paix», préconise-t-elle.
Enfin Mimi Touré donne quelques pistes pour réduire la criminalité :«On doit revoir aussi nos valeurs sociales. Dans une société où les ressources sont rares, cela peut entraîner la violence. Nous devons aussi réajuster notre niveau de vie à notre niveau de ressources. C’est également un élément de stabilisation et de préservation de la paix. On doit continuer à sensibiliser les jeunes. Et là, j’interpelle les parents. S’il n’y a pas d’éducation, il n’y aura ni sécurité ni paix.»

LeQuotidien

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