Corruption dans le monde : voici les pays les plus corrompus

Le scandale des Panama Papers, celui de Petrobras au Brésil, ou bien encore celui de l’héritier du géant sud-coréen Samsung… Vaste affaire que la corruption dans le monde. L’organisation non-gouvernementale (ONG) allemande Transparency International dresse chaque année un état des lieux, avec son indice de perception de la corruption. Cet indice permet de classer les pays sur une échelle de 0 (moins vertueux) à 100 (plus vertueux). Corruption dans le monde

Pour 2016, le bilan est toujours aussi sombre. L’ONG a récolté des données pour 176 pays. Plus des deux tiers d’entre eux obtiennent un score inférieur à 50 (69 %) et 77 enregistrent une note plus mauvaise que l’année dernière. « Cela prouve l’urgence d’agir », s’inquiète Transparency International. Elle estime que « la corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre, créant un cercle vicieux entre la corruption, la distribution inégale du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse ». Et selon l’organisation, cela crée « un terreau fertile à la montée des populismes ».

  • Mauvaise gouvernance et institutions faibles

Pour illustrer ce cercle vicieux, l’ONG pointe la Turquie, qui, sous la présidence d’Erdogan, passe de la 66e à la 75e place avec une note qui atteignait la moyenne en 2013 (50/100) et qui est passée bien en dessous (41/100) en 2016. On pourrait aussi prendre l’exemple de la Hongrie, qui est passée de la 50e à la 57e place depuis que le populiste de droite Viktor Orban est au pouvoir. Elle avait obtenu la note de 55 en 2012 et elle est passée à 48 en 2016…

Les pays les plus « vertueux » sur le plan de la corruption (Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni, Suisse, Nouvelle-Zélande) ne le sont pas par hasard. Ils ont « un gouvernement transparent, la liberté de la presse, la garantie des libertés civiles et des systèmes judiciaires indépendants », observe l’ONG. À l’opposé, les pays en bas du classement ont en commun « une impunité généralisée dans les affaires de corruption, une mauvaise gouvernance et des institutions faibles ». Voici les onze derniers :

176e : Somalie

Pour la 10e année consécutive, la Somalie est en queue du classement, avec un score de 10/100.

175e : Soudan du Sud

Malgré une progression entre 2012 et 2015, le pays replonge et passe de 15 à 11. Pour exemple, le principal journal de langue anglaise du pays, Nation Mirror, a été fermé par le gouvernement sud-soudanais en septembre 2016, après que le quotidien a consacré un article à un rapport de la fondation américaine The Sentry (cofondée par l’acteur George Clooney), accusant l’élite politique et militaire du Soudan du Sud de s’être enrichie en profitant de la guerre civile qui détruit le pays depuis décembre 2013.

174e : Corée du Nord

Même si elle est dans le bas du classement, la Corée du Nord progresse lentement. Elle obtenait un score de 8 depuis 2012, pour la première fois, en 2016, elle passe à 12.

173e : Syrie

Le pays est déchiré par la guerre entre les forces rebelles et le gouvernement du président Bachar al-Assad. La Syrie, en plus d’être confrontée à une dramatique crise humanitaire, subit de plein fouet la corruption. En 2012, sa note s’élevait à 26, elle n’est plus que de 13 en 2016. En août 2015, de hauts responsables syriens étaient traduits devant la justice, accusés de détournements de fonds publics, de vol ou d’incurie, précisait le journal Al-Watan. Selon un magistrat cité par le quotidien, plus de quinze procès liés à des affaires de détournements de fonds publics, de spéculations sur les devises étrangères et de transfert d’argent à l’extérieur, sont soumis chaque mois à la justice, à Damas.

170e : Yémen

De 23 en 2012 à 14 en 2016, la note du Yémen ne progresse pas. En février 2015, un rapport de l’Onu accuse l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh d’avoir accumulé par la corruption une fortune estimée entre 32 et 60 milliards de dollars en 33 années de pouvoir.

170e : Soudan

Le pays de 1,886 million de kilomètres carrés et aux 37,96 millions d’habitants est au même rang que le Yémen et la Libye. Il obtient la note de 14. Il est en très faible progression depuis 2013.

170e : Libye

Chute continue pour la Libye qui avait atteint la note de 21 en 2012… Depuis, le pays ne progresse guère sur les questions de corruption. Depuis la guerre de 2011, les inquiétudes des investisseurs étrangers (haut niveau de corruption du pays, système de réglementation opaque) n’ont pas faibli.

169e : Afghanistan

Le pays progresse. Parti d’une note de 8 en 2012, il arrive à un score de 15 en 2016. L’Afghanistan entame un long chemin vers la transparence. En novembre, l’année dernière, le tribunal anti-corruption afghan a commencé ses travaux avec notamment, des audiences publiques. Ce mois-là, le tribunal s’était saisi de 55 cas et 31 suspects étaient déjà sous les verrous. Cinq ministères étaient dans le viseur des juges, ainsi que la Banque centrale d’Afghanistan et l’autorité de délivrance des cartes d’identité. Le ministère du Développement urbain était concerné avec un détournement de 100 millions de dollars.

168e : Guinée-Bissau

Mauvaise élève aussi dans la discipline, la Guinée-Bissau passe d’un score à 25 en 2012 à une note de 16 en 2016. En mai dernier, 41 millions d’euros auraient été retirés, sans raison, des caisses de l’État. La justice s’est intéressée de près à l’affaire. Le ministère de l’Économie et des Finances a notamment été pointé du doigt, soupçonné d’avoir facilité ces transactions douteuses.

166e : Venezuela

En mai 2016, l’opposition a fait éclater un énorme scandale de corruption portant sur un total de 69 milliards de dollars. L’enquête concerne des membres ou d’ex-membres du gouvernement, mais aussi l’entreprise pétrolière nationale PDVSA qui, selon les chiffres cités par le député d’opposition Freddy Guevara (président de la commission des Affaires financières du Parlement), a subi des détournements dont le total s’élève à au moins 7 milliards de dollars. En 2016, le pays obtient la note de 17 selon l’indice de l’ONG.

166e : Irak

Un petit 17 sur 100 pour le pays. En août dernier, le Premier ministre a ordonné l’ouverture d’une enquête pour corruption. Les allégations sont portées contre le président du Parlement Salim al-Joubouri et des députés par le ministre de la Défense Khaled al-Obeidi. Ce dernier les a accusés lors d’une séance parlementaire houleuse d’être « impliqués dans des affaires de corruption et de vouloir faire voter des contrats d’armements douteux ». Plus récemment, en décembre, une journaliste irakienne Afrah al Kaïssi a été enlevée à Bagdad. Elle avait écrit de nombreux articles sur la corruption au sein des institutions.

La France, elle, apparaît au 23e rang mondial, comme en 2015, mais sa note est passée à 69, un point de moins qu’en 2015. En revanche, l’ONG a dressé en décembre 2016 un bilan positif du quinquennat de François Hollande. Elle a estimé qu’il s’était passé un changement de culture en matière de transparence de la vie publique et de lutte contre la corruption.


SourceOuest France

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