Santé – Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la PASTEQUE

La pastèque est un fruit très prisé du fait de son goût délicieux et savoureux. Les marchands l’exposent dans tous les coins et recoins de la capitale. Et, ils y trouvent bien leur compte même si la conservation du produit et le transport posent souvent problème.

Patte D’oie, il est 18 heures. Dans ce quartier populaire de Dakar, les alentours du Pont «Sénégal 92» sont bondés de tas de pastèques. Même la devanture de l’hôpital Nabil Choucair n’est pas épargnée. Fruit très prisé, la pastèque, communément appelée «Xale» en wolof, est à la mode en cette période hivernale. «Approches ma fille, viens voir mes pastèques, elles sont toutes juteuses», lance une dame, teint clair, bien emmitouflée dans un grand boubou bleu. Elle croit avoir affaire à une cliente. Après une discussion amicale, la vendeuse promet de répondre aux questions sous l’anonymat. D’après la marchande, la vente de ce fruit est un business florissant. «Cela fait 20 ans que je suis dans la vente de la pastèque. Je gagne bien ma vie», confie-t-elle avant d’ajouter qu’elle s’approvisionne au marché Syndicat de Pikine. A la question de savoir si les prix sont abordables, elle rétorque: «Cela dépend du genre de pastèques que le client veut. Il y en a qui sont chères, d’autres pas. Mais dans tous les cas, je choisis la qualité. C’est la raison pour laquelle le prix de vente de mes pastèques varie entre 1 000 et 3 000 francs Cfa».

Interpellée, sur le profil de la clientèle, la dame souligne que la pastèque est un fruit très convoité par les Sénégalais, toutes couches sociales confondues. «Vers 18h, des personnes garent leurs voitures devant les étals pour acheter des pastèques», indique-t-elle. Et de livrer une légende sur le fruit. «Si on enterre les graines de pastèque à l’entrée de la maison, il y aura toujours la paix et la richesse dans cette maison», soutient-elle.

A côté de la dame, un autre vendeur de pastèques, Gora Diop, surnommé «Saloum–Saloum» par ses collègues, connaît toutes les vertus du fruit. «Il y a trois types de pastèque: celle qui vient du Walo, celle du Djolof et celle du Saloum», informe-t-il d’entrée avant de renseigner que le transport pose  problème dans ce métier. «Je préfère aller acheter mes produits dans les régions parce que, là-bas, le prix est moins cher. Mais le transport est coûteux. Pour une charge, je peux payer 60 mille francs Cfa», estime Gora Diop. Qui sollicite l’aide de l’Etat. Comme sa voisine, Gora trouve que la vente de la pastèque est rentable.

Teint noir, taille moyenne, la trentaine révolue, Mame Khady, une jeune maman, accompagnée de sa fille, squatte les étals de fruits. «Je suis venue acheter une pastèque» dit-elle en soulignant qu’elle s’en procure tous les trois jours. «A trois, on peut déguster une pastèque de 1 500 francs Cfa pendant trois jours. C’est très économique», explique-t-elle avec un joli sourire.

Seul dans sa voiture en train d’attendre sa commande de pastèque, Mamadou Sarr, teint noir, dents jaunâtres, vêtu d’une chemise bleue, taxe les Sénégalais de complexés. «Les Sénégalais préfèrent acheter d’autres fruits beaucoup plus chers comme les pommes et autres alors que la pastèque est cultivée au pays. Et ce n’est pas trop cher», souligne-t-il. Non sans poursuivre : «Je préfère la pastèque parce qu’elle a des vertus. Je fume beaucoup et ça m’aide à bien digérer».

Le transport, un casse-tête

Les pastèques se vendent également en détail. Un jeune homme, trop actif  dans ce commerce, nous explique les affaires qu’il réalise avec le fruit. Il dit faire de bonnes affaires en vendant la pastèque en tranches de 100 ou 200 francs Cfa. «Je préfère vendre par tranches parce que je m’en sors bien. Chaque jour, je coupe trois pastèques pour en faire des tranches. Parfois, je tombe sur des pastèques pourries ou pas sucrées pour perdre mon argent» se désole-t-il.

Sa voisine, Sira, témoigne que le jeune homme tient bien compte de l’hygiène. «Il couvre bien les tranches de pastèque. Il porte des gants et utilise des couteaux propres», révèle-t-elle. Un des clients, qui suit le débat, lance : «la pastèque peut combler la faim et la soif, c’est le meilleur des fruits».

Vers 18H 40, un camion de pastèques arrive pour décharger les fruits. D’après le chauffeur, il vient de Diogo, localité située dans le département de Mboro, dans la région de Thiès. «J’attends le propriétaire pour qu’il me donne le reste de mon argent», soutient-il. Ce dernier refuse de nous dire le coût du transport mais, il affirme qu’il y a beaucoup de pastèques dans les villages. «Il faut que les bailleurs et l’Etat aillent dans les villages car les paysans ont un problème d’écoulement. Ils ne trouvent personne pour acheter leurs récoltes de pastèques», confie-t-il.

Seul sur sa charrette avec une charge de pastèques, le jeune Lahad, avec son accent «sérère», n’hésite pas à répondre à nos interrogations. «Je viens d’acheter une charge de pastèques pour aller la revendre dans les quartiers de la capitale», révèle Lahad. Il ajoute qu’il fait aussi de la livraison à domicile pour certains de ses clients. Le jeune vendeur privilégie certains coins par rapport à d’autres. «Je préfère vendre mes fruits dans les quartiers comme Nord-Foire, Ouest-Foires, Sicap Foire et même Mermoz parce que, dans ces zones, la vente est beaucoup plus rapide. Les gens achètent sans marchander, quel que soit le prix», dit-il.

MARIE LOUISE DIENE, NUTRITIONNISTE-DIETETICIENNE

«Son action dépurative et détoxifiante est bénéfique pour les reins»

La pastèque a beaucoup de vertus. C’est un fruit riche dont l’action en fait un allié santé. La licopène, le principal caroténoïde de la pastèque, est un antioxydant auquel on attribue des effets anti-inflammatoires ainsi que la capacité de baisser le cholestérol et d’empêcher la formation de certains types de cellules cancéreuses.

La pastèque est peu riche en vitamines et en minéraux mais elle est très désaltérante et peu calorique (une tranche de 200g fournit environ 60 kcal). Marie Louise Diène, nutritionniste-diététicienne à l’hôpital de Grand Yoff, affirme qu’elle fournit de la vitamine C; 200g de pastèque couvrent 25 % des besoins journaliers.

La pastèque fournit aussi des vitamines du groupe B (B1, B6, B9) et du bêta-carotène. «Faible teneur en minéraux, néanmoins bien diversifiés: potassium, calcium, phosphore et différents oligo-éléments : fer, cuivre, zinc. Faible teneur en fibres notamment. La pastèque contient des quantités importantes de composés antioxydants: caroténoïdes, lycopène et béta-carotène», dit-elle, ajoutant que c’est un fruit riche. Son action désaltérante, reminéralisante, dépurative, détoxifiante, diurétique et laxative en fait un allié pour la santé.

Marie Louise Diène, qui indique que les caroténoïdes sont des composés antioxydants de la pastèque (lycopène et bêta carotène), ajoute que la consommation d’aliments riches en caroténoïdes serait liée à un risque moindre de souffrir de certains cancers. «La licopène (principal caroténoïde de la pastèque) est un antioxydant auquel on attribue des effets anti-inflammatoires ainsi que la capacité de baisser le cholestérol et d’empêcher la formation de certains types de cellules cancéreuses. Des concentrations élevées de lycopène dans le sang ont également été associées à une faible incidence de maladies cardiovasculaires et de cancer de la prostate», dit-elle. Avant de poursuivre: «La pastèque contient un actif naturel : la citrulline qui est un acide aminé. Dans le corps humain, la citrulline est convertie en arginine, un acide aminé essentiel qui joue un rôle sur le système cardiovasculaire et immunitaire et qui aurait des effets bénéfiques sur la santé des vaisseaux notamment la lutte contre l’impuissance sexuelle, contre l’angine de poitrine et de l’Hta».

La nutritionniste-diététicienne soutient également que la pastèque est essentiellement indiquée dans les maladies des reins et des voies urinaires (insuffisance rénale, lithiase, infection). D’après elle, son action dépurative et détoxifiante est bénéfique pour les reins. «Une cure de pastèque aide à éliminer les toxines du sang liées à une surconsommation de viande rouge, de produits gras, salés et de vin. La cure consiste à alterner le fruit frais et le jus et ce sur une journée ou deux», note-t-elle avant de poursuivre: «Les diabétiques tolèrent bien la pastèque, environ 30 kcal au 100 g. La sensation de satiété qu’elle produit en fait un fruit recommandé dans le régime minceur sauf si ce n’est pas trop sévère». La nutritionniste-diététicienne recommande aux personnes qui ont un estomac fragile, de consommer plutôt le jus car les fibres de la pulpe peuvent s’avérer indigestes.

BON A SAVOIR

La pastèque déjà entamée, même gardée dans un réfrigérateur, devra être consommée dans les 4 jours qui suivent. Au-delà, il y a une perte des substances nutritives. Elle peut être responsable d’un syndrome d’allergie orale avec des sensations de démangeaisons au niveau de la bouche ou de la gorge.

TROIS QUESTIONS A…….

MACOUMBA DIOUF, DIRECTEUR DE L’HORTICULTURE

«La pastèque rapporte 27 à 35 milliards chaque année»

Walf Quotidien: A combien s’élève la production nationale de pastèques au Sénégal par an?

Macoumba Diouf :

La pastèque ou melon d’eau est cultivée sur l’ensemble du territoire national en période d’hivernage par un très grand nombre de producteurs, mais aussi en contre-saison par quelques acteurs de l’exportation. La culture de la pastèque est possible pendant toute l’année. Elle préfère les sols sablo-limoneux, humides mais bien drainés et riches en matière organiques. En hivernage, la production moyenne des cinq dernières années est de 236 989 tonnes contre 270 686 tonnes pour la campagne 2015/2016 pour un rendement moyen de 12 à 15 tonnes à l’hectare. La production de contre-saison a varié ces dernières années entre 6 000 et 12 000 tonnes.

Quelle place occupe la pastèque dans l’exportation des produits horticoles ?

La pastèque occupe la troisième place dans nos exportations horticoles, après la mangue et le melon. La production destinée à l’export est faite essentiellement en contre-saison. Et la moyenne des cinq dernières années est de 8 986 tonnes destinées presque exclusivement à l’Espagne. En 2015, la valeur pour la pastèque exportée a été évaluée à 3 milliards 220 millions 500 mille francs Cfa, tandis que le chiffre d’affaires global est estimé entre 27 et 35 milliards.

Quelles sont les difficultés de cette culture?

La pastèque est une culture pratiquée en dérobée (semis vers la fin de la saison des pluies : dernier tiers) parce que peu exigeante en eau avec un cycle qui se boucle bien avec la rosée, et facile à conduire. Toutefois, son développement rencontre des difficultés telles que la conservation et la transformation.

Hindou TOURE – Walf

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